Cet article a été écrit dans le cadre du challenge Bizz et miel TED Talks.
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Le TED Talk : Écouter la honte
Brené Brown fait de la recherche à l’université de Huston et a passé les 10 dernières années à étudier la vulnérabilité, le courage, l’authenticité et la honte. Elle a démarré son expérience TED avec une conférence TEDx Huston, dont elle parle justement dans la vidéo ci-dessous, suivie de deux autres sessions dans les deux années suivantes. Auteur de trois livres, Le pouvoir de la vulnérabilité est le premier de ses ouvrages traduit en français.
« Vous savez quel est le grand secret de TED ? C’est comme la conférence de l’échec. Vous savez pourquoi cet endroit est extraordinaire ? Parce que peu de gens ici ont peur de l’échec. Et aucun de ceux qui montent sur scène, à ce que j’ai vu, n’a jamais échoué. J’ai échoué misérablement, plusieurs fois. Je ne crois pas que le monde comprenne que c’est à cause de la honte. »
Le livre : Le pouvoir de la vulnérabilité
Ce que l’éditeur nous dit :
On fait tous les jours l’expérience de l’incertitude, du risque et des émotions. Ce sont eux qui définissent la vulnérabilité et la peur de beaucoup oser. En se fondant sur douze années de recherche, Brené Brown réfute le mythe culturel selon lequel la vulnérabilité est une preuve de faiblesse, et affirme qu’au contraire, c’est la meilleure mesure du courage.
La vulnérabilité est au coeur d’émotions difficiles comme la peur, le chagrin et la déception, mais c’est aussi le berceau de l’amour, de l’intimité, de la joie, de l’empathie, de l’innovation et de la créativité. Se fermer à la vulnérabilité, c’est s’éloigner des expériences qui donnent du sens à la vie…
Oser être vulnérable, c’est cela le courage !
Dans un monde où domine le «jamais assez», où la peur est devenue une seconde nature, la vulnérabilité peut paraître subversive, inconfortable et parfois même dangereuse. En réalité, parce que l’on se sent vulnérable, que l’on ne veut pas prendre le risque d’être critiqué ou blessé, on reste «à l’extérieur de l’arène», à la porte de notre vie (nouvelle relation, processus créatif, enjeu professionnel ou familial)… Alors ayons le courage d’y entrer et notre vie s’en trouvera transformée.
Ce que j’en pense
Un sujet apparemment très simple, voir un peu naïf, mais qui cache la plupart des angoisses et des maux de l’humanité. C’est surtout un sujet qui nous concerne tous, car en tant qu’être doués de sentiments et de capacité d’empathie (sauf pour les sociopathes qui pourraient lire ce texte peut-être), nous ressentons tous un jour la honte, nous avons tous peur de ne pas être à la hauteur. Brené Brown nous invite à prendre conscience de ces mécanismes, pour essayer de les dépasser. Spécialiste du sujet depuis des années, elle avoue être la première à avoir du mal à s’en détacher. Pas facile de lutter contre des peurs instinctives. Pourtant, le courage, la joie et l’épanouissement que peuvent nous apporter ce travail, valent largement de prendre un moment pour se pencher sur la question de la honte et de la vulnérabilité.
A lire si vous voulez en savoir plus sur
- Comment embrasser nos vulnérabilités et nos imperfections, pour vivre plus pleinement.
- Comment avoir le courage.
- Comment avoir plus de compassion pour nous même (et pour les autres), en reconnaissant que nous sommes « suffisants ».
- Comment mériter et accepter la joie, l’amour et le sentiments d’appartenance.
Résumé du Pouvoir de la vulnérabilité
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Que veut dire beaucoup oser ?
Extrait d’un discours de Théodore Roosevelt intitulé « Citoyens de la République » (1910)
« Le critique ne compte pas. Tout ce qu’il fait, c’est pointer du doigt ce qui aurait pu être mieux fait et l’homme quand il chute ou quand il se trompe Le vrai crédit va à celui qui se trouve dans l’arène avec le visage sali de poussière, de sueur et de sang. Car quand il est dans l’arène, au mieux il gagne, au pire il perd, mais même quand il échoue, même quand il perd, il le fait avec audace. »
Introduction : mes aventures dans l’arène
Echange entre René et sa thérapeute Diana :
- R : Je hais cette fichue vulnérabilité. Je hais l’incertitude. Je ne peux pas supporter de m’ouvrir ou d’être blessée ou déçue. C’est atroce.
- D : Oui, je la connais la vulnérabilité. C’est une émotion délicieuse.
- R : J’ai dit que c’était atroce, pas délicieux, soulignai-je.
- D : Quand vous sentez vous le plus vulnérable ?
- R : Quand j’ai peur que tout aille trop bien. Ou trop mal. C’est possible de changer ça ? Vous pouvez me donner des devoirs à faire ou quelque chose comme ça ?
- D : Pas de devoirs. Moins de réflexion. Plus de sentiments.
- R : Est-ce que je peux trouver ça délicieux sans avoir à me sentir vulnérable ?
- D : Non.
- R : Zut alors. Super !
Pendant des années, René a essayé de « réparer » le système et les gens, avant de réaliser que le travail social avait plus à voir avec ouvrir un espace d’empathie pour que les gens puissent trouver leur voie. Le besoin d’entrer en contact avec autrui est profondément ancré en nous. En cherchant à expliquer l’anatomie des relations, elle a découvert les histoires de déception, honte, trahison, car les humains ont tendances à définir les choses parce qu’elles ne sont pas, surtout lorsqu’il s’agit d’affectif.
Dans son précédent ouvrage The gifts of imperfection, elle a définissait dix consignes pour une Vie Entière : cultiver l’authenticité, l’autocompassion, la résilience, la gratitude et la joie, l’intuition et la confiance, la créativité, le jeu et le repos, le calme et la tranquillité, le sens du travail, le rire le chant et la danse. C’est se dire le matin « peu importe ce que je fais ou ne fais pas aujourd’hui, je suffis à la tâche ». Et se coucher en pensant « « oui, je suis imparfait(e), vulnérable et parfois effrayé(e) mais je suis quand même brave, digne d’amour et d’intimité. »
« Ce que nous savons a de l’importance, mais ce que nous sommes en a davantage.»
Elle nous parle ensuite de son intervention TEDxHouston en 2010, qui a été très difficile, malgré le succès qui a suivi. Elle ne l’a jamais regardé, est contente de l’avoir fait mais, se sent toujours embarrassée en y repensant. Elle a constaté que la question centrale est toujours la même : la peur, le détachement et l’aspiration à plus de courage. Quand la honte est style de management, que l’échec interdit, la motivation et la créativité meurent. L’éducation passe aussi par la honte quand on commence à distinguer les « bons » et les « mauvais » parents, alors qu’il n’est pas nécessaire d’être parfait pour élever des enfants heureux.
Chapitre 1 : la rareté – aperçu de la culture du « jamais assez »
A l’heure de l’apogée de Facebook, vivons-nous dans une société plus narcissique que jamais ? Si oui, peut-être faudrait-il remettre tout ces narcissiques à leur place. Et non, ce n’est pas en rappelant aux gens leur insuffisance et leur petitesse qu’on les aide, car la honte alors créée sera la cause plutôt que le remède à cette situation.
Observer le narcissisme par la lunette de la vulnérabilité
En faisant cela, on constate la peur d’être ordinaire, qui est fondée sur la honte. On a peur de ne pas être assez extraordinaire pour mériter d’être remarqué et aimé, pour avoir un sentiment d’appartenance et d’utilité. On va donc chercher l’approbation au nombre de j’aime sur Facebook. Nous ne sommes donc pas cernés par les narcissiques, mais par une puissante influence culturelle.
Questions à méditer : « Quelles sont les injonctions et les attentes qui définissent notre culture et comment la culture influence-t-elle nos comportements ? En quoi nos difficultés et nos comportements sont-ils liés au fait de nous protéger ? En quoi nos comportements, pensées et émotions, sont-ils liés à la vulnérabilité et au besoin d’un fort sentiment de valeur ? »
La rareté : la question du « jamais assez »
Jamais assez doué, assez parfait, assez mince, assez puissant, assez intelligent, assez certain, assez en sécurité, assez ordinaire… Nous souffrons de la rareté parce que nous la vivons du matin, où se voit déjà en retard dès le réveil, jusqu’au soir, pour ne pas avoir fait assez de sa journée. On se compare à l’image des autres et à celle de perfection prônée par les médias, on passe son temps à calculer (combien de temps, d’argent, d’amis), car les ressources d’amour et de sécurité paraissent rares et restreintes.
L’origine de la rareté
Les 10 dernières années, les médias nous ont véhiculé cette image traumatique : attentats, guerre économique, catastrophes naturelles, fusillades dans les écoles, le chômage…
La rareté dénombre trois composantes :
- la honte : peur du ridicule, du dénigrement, culture de l’accomplissement et du perfectionnisme, du rabaissement et de la critique.
- la comparaison : classement systématique, mesure des gens sur des critères spécifiques sans prise en compte de leurs dons et contributions, définition d’une manière d’être et de talent idéale au dépens de toutes les autres, de la créativité.
- la démotivation : peur de prendre des risques et d’essayer, étouffement des idées, manque d’attention des autres.
Il nous faut donc beaucoup nous battre au quotidien, pour vaincre. Cependant, le contraire de la rareté n’est pas l’abondance, mais bien la suffisance et l’entièreté. Cette dernière passe par la vulnérabilité et le sentiment de sa propre valeur. Et nous voulons tous être courageux.
Chapitre 2 : Tordre le cou aux mythes de la vulnérabilité
Mythe n°1 : la vulnérabilité est de la faiblesse
« La vulnérabilité c’est l’incertitude, la prise de risque, l’ouverture émotionnelle. »
On voudrait se protéger de la vulnérabilité, ne pas se montrer trop émotif, car ceux qui ne sont pas capables de maîtriser ou masquer leurs sentiments sont méprisés.
Pourtant ressentir revient à être vulnérable et penser que c’est de la faiblesse revient à croire que le sentiment est une faiblesse. La société devient intolérante aux émotions. Oui la vulnérabilité est faite en partie de choses négatives telles que le chagrin, la colère et la déception. On ne peut pourtant pas s’en passer, car c’est grâce à cela que l’on peut éprouver de la joie, de l’intimité, de l’amour, de l’espoir ou de l’authenticité. Et personne ne voudrait renoncer à tout cela, nous en avons besoin.
En demandant aux gens ce que signifie être vulnérable, on obtient des réponses variées telles que : me défendre, dire non, demander de l’aide, prendre l’initiative de faire l’amour avec mon conjoint, appeler une amie qui est triste, dire « je t’aime » en premier, soutenir un proche, demander pardon, avoir foi en l’avenir, etc.
Est-ce que tout cela ressemble à de la faiblesse ? Non. La vulnérabilité s’apparente plutôt à la vérité et au courage. Il s’agit de prendre des risques, de braver l’incertitude et s’ouvrir aux émotions. D’ailleurs, selon Le Littré, vulnérable vient de latin « blesser » et veut dire « qui peut être blessé, susceptible d’être touché, blessé, d’un point de vue moral ou physique », tandis que la faiblesse est « une disposition à être facilement brisé, au sens figuré une instabilité ». Ces concepts sont très différents.
D’ailleurs on veut éprouver les vulnérabilités des autres, être témoins de la vérité et l’ouverture d’autrui. Mais on voudrait le faire sans devoir soi-même s’ouvrir. La question est « qu’est-ce qui vaut la peine d’être fait, même si j’échoue ? ».
Mythe n°2 : la vulnérabilité et moi ça fait deux
« Si tu choisis de ne rien décider, tu auras quand même fait un choix. »
Si on pense cela, on peut se poser les questions suivantes « comment suis-je quand je suis touché(e) affectivement ? Comment est-ce que je me comporte quand je me sens mal à l’aise et incertain(e) ? Suis-je prêt(e) à prendre des risques affectifs ? ».
La vie est vulnérable et prétendre l’éviter revient à adopter des comportements incohérents avec ce qu’on est.
Mythe n°3 : la vulnérabilité c’est tout dire
Non, car la vulnérabilité c’est partager ses sentiments et expériences avec ceux qui en on gagné le droit, la confiance se construit sur l’ouverture mutuelle.
Mythe n°4 : on peut faire cavalier seul
Des études montrent que dans le cadre de leadership notamment, la recherche de soutien est cruciale, tandis que la vulnérabilité et le courage sont contagieux. Les transformations les plus importantes, professionnelles et personnelles, ont lieu lorsque l’on a le courage de partager ses difficultés et de demander de l’aide.
C’est aussi de cette manière que l’on parvient à fixer ses barrières, à apprendre à dire non même lorsque l’on craint les réactions. Car ceux que l’on aime, sur qui on peut compter, ne nous critiquent pas, ils se battent avec nous et pour nous.
Chapitre 3 : comprendre et combattre la honte (ou l’entraînement du guerrier ninja)
Défense contre les forces du mal
Devenir résilient à la honte est la clé de la vulnérabilité. On ne peut pas se découvrir tant qu’on est terrifié de ce que pensent les autres et par la honte. Notre valeur dépend de nous-même, pas de ce que pensent les autres.
Nous retrouvons un exemple de cela dans Harry Potter, lorsque le personnage Sirius Black dit à Harry :
« Tu n’es pas quelqu’un de mauvais. Tu es quelqu’un de très bon à qui il arrive de très mauvaises choses. En outre, le monde n’est pas divisé en gentils et en Mangemorts. Nous avons tous la lumière et l’obscurité en nous. Le plus important, c’est la partie qu’on choisit d’activer.”
Pourquoi est-il si difficile de parler de la honte ?
La honte est une émotion universelle et primitive, à laquelle l’empathie et la capacité de contact sont associées. Elle peut concerner l’apparence, l’argent, la sexualité, la religion et bien d’autres catégories encore.
Le honte est une véritable douleur, même au niveau chimique. En effet au niveau du cerveau, il est prouvé que ses effets sont les mêmes pour une douleur physique et une expérience de rupture sociale. Mais il est encore plus difficile d’en parler.
Honte, culpabilité, humiliation et gêne
- Honte : “je suis mauvais”. L’émotion est tellement forte qu’on a alors tendance se protéger en critiquant, en trouvant des excuses ou en se cachant.
- Culpabilité : “j’ai fait quelque chose de mal”. Dans ces cas-là, on fait amende honorable, on s’excuse et on modifie un comportement qui ne correspond pas à nos valeurs.
- Humiliation : “quelqu’un dit que j’ai fait quelque chose de mal, mais je pense que ce n’est pas mérité”. Elle peut devenir de la honte si trop souvent répété, mais en premier lieu on se dit alors que cela n’a rien à voir avec nous. On peut alors réagir avec cohérence.
- Gêne : “oups”. Généralement fugace, voire drôle et souvent accompagnée d’un sentiment de solidarité.
Que faire de la honte ?
Ce qu’il faut arrêter de faire en cas de honte
Ou, les stratégies de détachement de rapport à la douleur de la honte :
- Fuir en se cachant ou en gardant le secret.
- Essayer d’apaiser et plaire.
- Essayer de prendre le pouvoir et être agressif.
L’antidote : le passage à l’empathie
- Reconnaître la honte et ses déclencheurs.
- Exercer le sens critique – les injonctions et critiques qui motivent cette honte sont-elles vraiment réaliste et réalisable.
- Aller à la rencontre d’autrui – partager son histoire.
- Exprimer la honte – dire ce qu’on ressent et demander de l’aide.
C’est une pratique qui prend du temps et du courage. Et en parler autour de soi la rendra d’autant plus efficace (pour soi et peut-être pour les autres).
Les femmes et la toile de la honte
Pour les femmes le premier déclencheur universel est l’apparence (pas assez mince/jeune/belle). Le second est la maternité, l’évaluation dans le rôle de mère (quel écart entre les enfants, le fait de travailler ou pas, etc.) ou en tant que mère potentielle (pas encore mariée, pourquoi on n’a pas d’enfant, etc.).
On attend des femmes qu’elles soient irréprochables sur tous les plans, sans montrer aucun effort pour cela. Il faudrait qu’elles soient naturellement belles, qu’elle ait l’instinct maternel, etc. Elles doivent être douces et calmes, utiliser leur temps libre pour se pomponner. Les rêves, les ambitions et les dons n’ont aucune importance.
Brené Brown a elle-même reçu des commentaires du type “Comment peut-elle parler de sentiment de valeur, alors que visiblement elle a besoin de perdre 10 kilos” ou “Faites moins de recherche et servez-vous davantage de Botox”. Ces attaques qui visent l’apparence, ne feraient pas aussi mal si elles concernaient son intelligence ou ses arguments.
Les hommes et la honte
Les hommes vivent quant à eux sous la pression de l’injection constante “ne sois jamais perçu comme faible”. Ils n’ont pas le droit d’avoir peur, de montrer leur peur ou d’être vulnérables. Il est alors tentant de transformer cette peur en rage, écrabouiller tout le monde pour cacher la honte.
Parmi les témoignages réunis, trois choses revenaient souvent : des histoires de lycée, des métaphores sportives et le mot “gonzesse”.
C’est cet homme qui a dessiné toute son enfance jusqu’à ce que son oncle fasse remarquer que “un artiste, c’est être une tapette”. Son père lui a alors interdit de prendre des cours et sa mère a reconnu que c’était trop efféminé. Il n’a jamais plus dessiné.
C’est ce mari qui part chercher un travail tous les matins, alors que sa femme ne sait pas qu’il a été licencié depuis six mois, car “elle ne veut pas savoir, ou préfère que je continue à faire semblant”.
Tous ensemble
« Je crois que le secret, c’est que le sexe est terrifiant pour la plupart des hommes. »
Lors d’une session mixe dans une université, les filles parlent des hommes qui ne les trouvent jamais assez jolies, sexy ou mince. L’une d’elle raconte comment il est difficile de se laisser aller pendant l’amour, quand on pense à rentrer le ventre à cause des bourrelets. Un homme réagit violemment : “Arrêtez d’inventer tous ces trucs que nous pensons ! Ce que nous pensons vraiment c’est Est-ce que tu m’aimes ?, Est-ce que je suis assez bien pour toi ? Quand il s’agit de faire l’amour, nous avons l’impression que notre vie est en jeu et vous, vous pensez à ces conneries ? Les hommes qui critiquent le font parce que ce sont des salopards, parce ce que ce sont des hommes. ».
Les recherches indiquent que l’on est le plus susceptible de juger les gens dans les domaines où l’on se sent soi-même le plus vulnérable à la honte.
Dans l’autre sens, on peut apprendre aux enfants, leur montrer qu’il est possible de tendre la main à ceux qui sont enlisés dans la honte plutôt que de les dénigrer. Car il reprendront ces comportements.
Il parait tellement plus facile d’aimer ses proches que de s’aimer soi-même. C’est pourtant indispensable, car c’est en ayant le courage d’être soi, vulnérable, que l’on peut vraiment approfondir sa relation avec eux.
Chapitre 4 : L’arsenal de la vulnérabilité
“Assez pour s’autoriser”
- Je suffis (valeur vs. honte).
- J’ai suffisamment (limites vs. sur-renchérissement et comparaison).
- Il suffit de me montrer, de me laisser voir et de prendre des risques.
Bouclier ordinaire : la joie appréhensive
Définition
La joie est l’émotion la plus difficile à ressentir car on a perdu la capacité ou la volonté d’être vulnérable. La joie ressemble à un traquenard. J’ai peur quand je regarde mes enfants dormir, je pense à mon fiancé, je passe du temps avec mes parents, je vais avoir un bébé, etc. car j’envisage le pire. Il est plus facile de s’engouffrer dans le scénario du pire ou se mettre dans un état de déception contenue lorsque la joie “menace”.
Notre culture nous pousse à tout voir en noir, la télévision par exemple fournissant énormément d’images affreuses (séries policières, journal télévisé…).
La réponse : pratiquer la gratitude
- Accueillir la joie : elle peut arriver lors des moments les plus ordinaires et on risque de la manquer quand on est trop occupé à pourchasser l’extraordinaire.
- Être reconnaissant et célébrer ce que l’on a.
- Ne pas dilapider la joie.
On ne peut pas se préparer à un deuil ou une tragédie. Au contraire, chaque fois que l’on s’abandonne à l’inconfort de la joie, on bâtit la résilience et on cultive l’espoir, on est plus fort.
Bouclier ordinaire : le perfectionnisme
Définition
Le perfectionnisme diffère de l’excellence, il n’a rien à voir avec la croissance et l’épanouissement. C’est un bouclier de 20 tonnes que l’on trimbale avec soi.
Le perfectionnisme n’a rien à voir avec devenir meilleur, c’est une arnaque, c’est être centré sur autrui et chercher l’approbation au lieu de faire des efforts soins centrés sur soi.
Le perfectionnisme n’est pas la clé du succès et freine l’accomplissement.
Le perfectionnisme est autodestructeur, car inatteignable et additif, car plutôt que de remettre en cause à logique on redouble d’efforts pour l’atteindre.
La réponse : pratiquer la compassion
- Bienveillance envers soi-même : se montrer chaleureux et compréhensif, en cas de souffrance, d’échec ou de défaillance plutôt que d’ignorer sa peine ou faire de l’autoflagellation.
- Conscience de sa nature humaine : la souffrance et la les sentiments de défaillance personnelle font partie de l’expérience humaine commune.
- Méditation en pleine conscience : adopter une approche équilibrée vis-à-vis des émotions négatives, qu’elles ne soient ni refoulées ni exagérées.
- Bouclier ordinaire : l’anesthésie.
Définition
« Engourdir la souffrance, c’est engourdir la joie. »
C’est l’affairement frénétique ou les dépendances (au travail, à l’alcool, aux médicaments…). C’est une rupture sociale (solitude, isolement, sentiment de vide et démotivation) et une anxiété (de ne pas être assez fort ou intelligent pour être capable de vivre des vies de plus en plus exigeantes) mêlées à de la honte.
Selon une étude l’isolement psychologique serait le sentiment le plus terrifiant et le plus destructeur que l’on puisse éprouver. On ferait n’importe quoi pour y échapper, qu’il s’agisse de dépendance, d’automutilation, de troubles alimentaires, d’agressivité, de violence ou de suicide.
La réponse : beaucoup oser (se fixer des limites, chercher de vrais réconforts et nourrir son esprit)
- Apprendre à ressentir effectivement des émotions.
- Rester conscient de ses comportements d’anesthésie.
- Apprendre à affronter le malaise des émotions pénibles.
- Réduire l’anxiété en reconnaissant ce dont on est capable de faire ou de ne pas faire et dire “ça suffit”, même quand la honte nous murmure d’en faire plus. Gaspiller moins de temps et d’énergie à rivaliser avec des gens sans importance, pour plutôt cultiver les liens familiaux et amicaux.
- Reconnaître sa propre valeur, être persuadé de mériter l’amour et l’intimité pour pouvoir les éprouver pleinement.
Quelle est la limite entre le plaisir/le réconfort et l’anesthésie ? Ce qui compte ce n’est pas ce qu’on fait, mais pourquoi on le fait. Il faut réfléchir à l’intention.
Autres boucliers ordinaires
Viking ou victime : c’est garder le contrôle et la domination par crainte de devenir une victime, car on pense qu’il n’existe que des durs et des pigeons. C’est voir des difficultés personnelles comme preuves de la dureté de l’existence plutôt que comme le résultat de cette vision binaire du monde. Cela laisse peu de place à l’espoir et donne souvent le sentiment de se sentir enfermé.
Cette stratégie peut s’avérer vitale lors d’un traumatisme (guerre, violence conjugale, agression physique ou morales), mais s’avèrent inutiles, bien que difficiles à écarter, une fois le traumatisme passé. Pour en sortir, il est possible de redéfinir le succès (sortir de la compétition, car gagner ne suffit pas à vivre), réintégrer la vulnérabilité et rechercher le soutien (l’aide d’un professionnel ou d’un groupe de soutien).
Chapitre 5 : Attention à la marche
La culture peut se définir par « la manière dont on fait les choses par ici ». Beaucoup d’entreprises se demandent si « ce que nous sommes » (culture) est plus ou moins important que « ce que nous voulons accomplir » (stratégie). Pourtant, on ne peut donner aux gens que ce qu’on a, donc ce qu’on est importe plus que ce qu’on sait ou ce qu’on veut être.
Des écarts se créent, lorsqu’un écart significatif se créé entre les valeurs misent en pratiques et les valeurs auxquelles on inspirait. Cela est aussi bien valable dans le contexte familial, pour l’éducation, que dans le monde des entreprises où ces gaps n’engendrent que de la démotivation ou même au niveau politique et religieux où ils créent de l’indifférence.
Par exemple en tant que parent, on ne peut pas prôner l’intégrité et l’honnêteté, avant de partir avec un objet non payé à la caisse. On ne peut pas plus enseigner le respect et la responsabilité en réglant en conflit de jouet cassé par un « les garçons sont comme ça, allez dans vos chambres ». Ce manque de cohérence brouille les messages. En tant que dirigeant, parent ou enseignant, inutile d’être parfait, mais il faut s’engager et mettre ses actions en cohérence avec ses valeurs.
Chapitre 6 : L’engagement subversif
René Brown définit un dirigeant comme quelqu’un qui prend la responsabilité de découvrir le potentiel des gens et des processus. Pour rallumer la créativité, l’innovation et l’apprentissage, les dirigeants doivent réhumaniser l’éducation et le travail.
Reconnaître et combattre la honte
A ce jour, rares sont les écoles ou entreprises qui n’utilisent la honte. Au contraire, elles sont fières de dire que « ça marche ». Pourtant, celle-ci ne peut monter que jusqu’à un certain niveau, avant que les gens ne se désengagent pour se protéger, autrement dit cessent d’apporter leur concours, de se découvrir et de s »intéresser.
Jeux d’accusations et de dissimulation
L’accusation est la place du conducteur et la honte est la place du mort. L’accusation revient à décharger la souffrance et la haine. On accuse quand on est mal à l’aise, en colère, blessé. Mais cela n’a rien de productif et implique souvent de faire honte et d’être malveillant.
La dissimulation est également le signe d’une organisation fondée sur la honte, lorsque la culture proclame qu’il est plus important de protéger la réputation d’un système et de ses dirigeants au détriment de ses individus et collectivités. On peut alors être certain que l’argent a pris le pouvoir sur l’éthique.
Stratégies pour bâtir des organisations résilientes à la honte :
- Soutenir des dirigeants qui sont prêts à beaucoup oser et à favoriser l’honnêteté.
- Fournir des efforts pour comprendre comment la honte s’est infiltrée et a pris le dessus.
- Normaliser la culture de la motivation, en aidant les gens dans leurs difficultés, en partageant les expériences et les bonnes pratiques.
- Former les employés à distinguer honte et culpabilité, à recevoir et donner du feedback.
Feedback, partage et courage
Le feedback permet de réduire l’écart. Pour transformer, l’éducation doit être gênante et imprévisible. Ce qui fait peur, mais sinon cela signifie que l’on n’apprend rien.
En prenant le temps d’y réfléchir, on s’aperçoit que nos points forts et nos limitations sont les variantes d’un même comportement. L’idée n’est pas de donner un tour positif aux problèmes en les considérant résolus, mais d‘identifier un potentiel de développement.
« Par chance, ce travail m’a appris à identifier que quand je suis en colère, c’est que j’ai peur et que j’essaie de me protéger. »
Le processus de feedback peut amener à se « cuirasser », se préparer à la bagarre. Cela est aussi bien valable pour celui qui le donne, que celui qui le reçoit, les deux faisant face à l’incertitude et le risque. Or un bon feedback implique vulnérabilité. Quand on est sous pression, il est parfois très difficile de se mettre dans les dispositions mentales et affectives nécessaires pour offrir du feedback.
Le fait de s’asseoir du « même côté de la table » que son interlocuteur, permet de réduire la distance physique et psychobiologique. Cela envoie le message que ‘je suis prêt(e) à m’asseoir à côté de vous plutôt que face à vous, « je suis prêt(e) à assumer mon propre rôle » ou encore « je peux incarner la vulnérabilité et l’ouverture que j’attends de vous' ». Si l’on n’est pas prêt à s’asseoir du même côté, ce n’est pas le moment de donner un feedback.
De même il est important d’avoir le courage de dire « je ne sais pas » ou « j’ai commis une erreur ». C’est vrai même dans la vente face à des clients. C’est vrai lorsque l’on dirige une entreprise. Le succès requiert de cultiver de solides réseaux de soutiens et de bons mentors. Aucun doute, il s’agit de vulnérabilité.
Chapitre 7 : Une éducation entière
Élever des enfants rend les méthodes d’éducation explicites à la fois tentantes et dangereuses, car les certitudes engendrent souvent des valeurs absolues, donc du jugement ou de l’intolérance. Et le fait d’être parent est d’une des aventures les plus osées et les plus audacieuses?
En tant que parents, on a moins le contrôle qu’on ne pense sur le tempérament et la personnalité de ses enfants, et moins de contrôle qu’on ne le voudrait sur la culture de la rareté. Mais on peut apprendre aux enfants à comprendre et apprécier leur potentiel inné, leur enseigner la résilience face aux injonctions culturelles du « jamais assez ». Et pour que ses enfants d’aiment et s’acceptent, il faut savoir s’aimer et s’accepter soi-même.
L’important à savoir sur le sentiment de valeur est qu’il ne demande pas de préalable. Je ne serais digne d’être aimé que quand …. (j’aurais perdu 10 kilos, j’obtiens cette promotion, etc.). Le préalable et le perfectionnisme sont des pièges de la honte.
Il est important de bien marquer la différence entre « tu es mauvais » et « tu as fait quelque chose de mal » quand il s’agit des comportements de nos enfants. Pour eux la honte est liée à la peur de ne pas être aimés. Or ils dépendent des adultes pour leur survie, donc se sentir indigne d’amour menace leur survie, les traumatise.
On ne peut pas prétendre se soucier du bien-être de ses enfants tout en faisant honte à d’autres gens sur leurs décisions parentales. Dans l’autre sens, on doit laisser les enfants qu’ils apprennent de leurs expériences, pour qu’ils apprennent à beaucoup oser.
On ne pourra jamais enseigner et montrer la perfection à ses enfants, mais on peut se laisser voir et tenir pour sacré le privilège de les voir, en toute Entiéreté et en toute profondeur.
Conclusion
Quand René Brown voir cette citation de Mr. Roosevelt (voir introduction), elle se dit qu’il a mis le doigt dessus. Il n’existe effectivement « pas d’effort sans erreur » et il n’y a pas de triomphe sans vulnérabilité. Tout ce qu’elle pense c’est : La classe, mec.
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