Vendredi dernier, je me suis rendue à un atelier de calligraphie à la librairie Junku, à Paris. J’avais déjà assisté là-bas à un atelier sur les sceaux japonais (cf article) en compagnie d’Eugènie du blog Cocoyuyu, et c’est donc ensemble que nous sommes retournées à Junku pour nous initier cette fois à la calligraphie japonaise.
Le shodô, 書道, littéralement « voie de l’écriture », est l’un des arts traditionnels du Japon les plus connus, et intimement lié à l’esthétique zen. C’est également un art que l’on retrouve beaucoup dans la cérémonie du thé, puisque le tokonoma (petite alcôve au plancher surélevé) de la pièce de thé est souvent orné d’un rouleau de calligraphie encadré (kakemono), ainsi que d’une composition d’ikebana (l’art des fleurs). Cette convergence des arts japonais dans le pavillon de thé est l’un des aspects qui m’enchante le plus dans la culture japonaise, et qui incarne le mieux l’esprit zen.
J’avais déjà des rudiments de connaissance en calligraphie, puisque nous avions fait quelques sessions d’initiation avec ma prof de japonais, qui m’avait à cette occasion expliqué plusieurs points très importants :
- La posture : le dos droit, la tête dans son prolongement, la main gauche posée à plat à gauche du papier de riz.
- Le pinceau : après l’avoir bien humecté dans l’encre de Chine, de la racine aux pointes afin de ne pas se retrouver à cours d’encre, on le tapote légèrement contre la pierre pour se débarrasser du surplus d’encre. Il faut le tenir droit, complètement perpendiculaire à la feuille.
- Le mouvement : il en existe deux de base, un où le pinceau s’arrête, et un où le pinceau continue. Il est important de savoir à quel endroit du caractère dessiné le pinceau doit s’arrêter ou continuer, car c’est cela qui permet de construire la bonne impression.
Ces rudiments de savoir m’ont été précieux lors de l’atelier à la librairie Junku, car la professeure de calligraphie, Miki Umeda-Kubo (qui était aussi notre professeure pour l’atelier de gravure de sceaux) ne les a pas donné, ce qui a, je pense, manqué à certaines personnes de l’atelier qui n’avaient jamais fait de calligraphie japonaise.
La prof avait préparé pour chacun d’entre nous plusieurs feuilles proposant différents styles d’écriture pour les caractères choisis. J’avais choisi de dessiner le caractère 福, fuku, qui signifie « bonne fortune, chance », et que je porte tatoué à l’encre rouge au poignet depuis l’âge de 19 ans. C’est donc un caractère qui est cher à mon cœur et qui m’a porté chance à de nombreuses reprises (si si, je vous assure, j’ai eu mon permis au bout de la troisième tentative grâce à lui !
).Les styles tensho (style des sceaux, ou sigillaire) et reisho (style des clercs)
Les styles sôsho (style cursif) et gyôsho (style semi-cursif)
Le style kaisho (standard) et l’écriture en hiragana
Nous avons ensuite passé 1h45 à nous entraîner au maniement du pinceau, variant les styles afin de trouver celui qui nous plaisait le plus et que nous maîtrisions le mieux. Pour ma part, j’ai choisi le style gyôsho (行書, semi-cursif). J’ai également tracé le caractère en hiragana, pour un résultat assez joli, mais je préfère les réalisations en gyôsho.
À la fin, j’ai signé mes deux plus belles œuvres (un bien grand mot, à défaut de trouver autre chose) à l’aide du sceau réalisé quelques mois plus tôt, et le tout rend vraiment plutôt bien ! Pour un premier essai, je suis vraiment contente d’avoir réussi à dessiner la clé de manière aussi satisfaisante (la première partie du kanji 福, à gauche), mais la deuxième partie reste maladroite.
L’œuvre finale signée avec le sceau de la fleur
Une des versions d’essais sur papier de riz, signé du sceau 福 (fuku) d’origine qui a servi de modèle à mon tatouage
Je me suis ainsi découvert une passion pour la calligraphie, qui demande à la fois patience, persévérance et paix intérieure, aussi j’espère renouveler l’expérience rapidement
J’espère que l’article vous a plu et vous souhaite une excellente semaine ! Mata ne !