Moins nombreux que leurs voisins marocains, les Juifs algériens ont surtout une trajectoire très différente, intiment liée à l’histoire franco-algérienne.
En 1870, le décret Crémieux – du nom de son auteur, Adolphe Crémieux – déclare citoyens français les « israélites indigènes » d’Algérie. Lorsque la guerre d’indépendance éclate, en 1954, on compte environ 130 000 Juifs dans les départements français d’Algérie.
Comme le résume Albert Camus dans L’Express, la communauté est alors « coincée entre l’antisémitisme français et la méfiance arabe ».
Ne choisissant aucun camp, elle subira ensuite de nombreuses attaques, qu’elles soient l’œuvre des extrémistes français de l’Organisation armée secrète (OAS) ou des indépendantistes arabo-musulmans du Front de libération national (FLN). Dans les mois qui suivent l’indépendance, environ 120 000 Juifs d’Algérie, Français depuis quatre générations, embarquent pour la métropole aux côtés des pieds-noirs.
Les quelques milliers restant partiront progressivement, au gré des vagues d’immigration vers Israël dans les années 1960 et 1970. La « décennie noire », dans les années 1990, fera fuir la plupart des derniers membres de la communauté encore installés en Algérie.
Aujourd’hui, personne n’est capable de fournir un chiffre précis sur le nombre de Juifs résidant toujours dans le pays. Aucun ? Une vingtaine ? Une cinquantaine ? « Il ne sont plus qu’une poignée. Ils vivent très discrètement et sont surtout installés à Alger », indique l’historien Benjamin Stora.
Ce flou entourant les israélites algériens entretient toutes sortes de fantasmes. « Il y a une sorte d’idée de "juifs clandestins", parfois relayée par la presse algérienne, s’amuse Joëlle Allouche, juive de Constantine dont la famille a émigré en France.
J’ai par exemple lu des articles, dans des journaux sérieux, qui affirmaient que des communautés juives vivaient cachées dans les montagnes des Aurès ! ».