J'ai lu récemment deux romans ayant pour thème commun les Indiens d'Amérique : "Le premier qui pleure a perdu" de Sherman Alexie et "La fille sauvage" de Jim Fergus. Deux ouvrages dont je recommande la lecture à la fois pour la qualité de l'écriture et l'intérêt intrinsèque de la narration. Le premier surfe sur la dérision et l'ironie tandis que le second est plus axé sur le remords et la désillusion. Tous deux restent néanmoins inspirés par la réalité puisque le livre de Sherman Alexie raconte son enfance douloureuse dans une réserve alors que celui de Jim Fergus mêle sous une trame romanesque des faits historiques replacés dans un contexte anthropologique grâce à l'imagination de l'auteur.
L'un amuse, l'autre bouleverse. Les deux attristent par les drames qu'entraîne le choc entre deux civilisations dont l'une a oublié son ancestralité pour ne plus se souvenir que de sa volonté prosélyte de réduire au silence, par quelque moyen que ce soit, tout ce qui peut entraver sa marche en avant. C'est ainsi que les conquérants espagnols puis les pionniers américains anihileront en quelques siècles les cultures indiennes en les privant de leurs terres, de leurs croyances... et souvent de leurs vies.
On ne peut naturellement que le regretter mais il n'est pas interdit aujourd'hui de se demander si l'Histoire a servi de leçon. Vouloir asservir les minorités ou les soumettre au silence, voire souhaiter qu'elles disparaissent ,demeure malheureusement d'actualité. De par le monde, beaucoup d'"Indiens" modernes subissent des pressions car ils dérangent par leurs différences. Peut-être serait-il enfin temps de se souvenir qu'une "démocratie" est une forme de gouvernance dans laquelle les minorités ne sont ni exploitées ni exterminées ni réduites au silence. On est loin du compte !