Reks « The Greatest X » @@@@
Sagittarius Laisser un commentaireLa preuve que Reks est un rappeur que l’on omet parfois de lister, on parle là de son quatrième album connu parmi neuf efforts produits. Mais quel effort! Comme d’habitude, il sert du très lourd et c’est fort dommage s’en priver. Cette fois n’attendez rien d’autre de cette bête de MC qu’à rassasier votre appétit d’ogre pour une entrecôte grillées 500 grammes de hip hop Eastcoast underground, sachant qu’une deuxième pièce vous attend juste derrière. Vous l’avez compris, The Greatest X est un double-album.
Le X dans le titre signifie ‘inconnu’, comme « né sous X ». Reks se veut la voix des sans-voix, et comme le rap est une compétition, et le MC bostonien met toute son énergie pour être en haut du panier avec la hargne d’un boxeur sans couronne qui ne renonce devant rien. L’objectif de ma chronique était de dégrossir cet énorme pavé de deux heures mais avec une liste de producteurs longue comme ça, ça ne va pas être de la tarte. Je me lance : Large Professor (« Gone Baby Gone« ), son collaborateur de longue date Statik Selektah, Black Milk (« Liberation« ), Nottz (le très bon « Recipe« ), The Audible Doctor, Buckwild, Streetrunner, Evidence, Alchemist (en mode ‘yacht music’ sur « Kites« ), Apollo Brown (qui frappe fort avec « Future Kings » et le revers « H.I.P.H.O.P.« ), MoSS, j57 (« Intuition » qui sample le sax’ de « The Look of Love« ), etc… Le niveau de cette brochette de producteurs émérites est satisfaisant, voire très satisfaisant de leur part. Après si on la joue fine bouche avec nos grandes gueules, ils ne se forcent pas plus que ça, réalisant ce qu’on attend d’eux sans aller chercher plus loin. Il s’est avéré qu’une écoute The Greatest X ‘en aveugle’ (sans mater les crédits j’entends) a révélé que la majorité de mes instrus préférés sont signé par des beatmakers inconnus. En voici une petite liste : « B.E.E.F.S.« , le smooth « Good Women, Thot Bitches« , les vibe de « Promises » et « Benjamin Button« , « Loud » qui lui fait sortir des sentiers battus et les trois derniers morceaux du 2e CD (j’essaie de résumer).
Dans les albums de rap il n’y a pas que les instrus qui comptent, mais aussi le flow et les lyrics, le style. Reks a été bien souvent critiqué pour rester sur une ligne de rap trop ‘tradi’, tout en ayant conscience que que le boom-bap rap ne vend plus et n’attire plus que les foules de puristes, c’est l’objet du titre « LL Cool J« . La donne a changé, tel un dinosaure, Reks est le dernier d’une lignée mais sa voix ne connaît pas d’extinction, avec les rimes qu’il faut pour viser le haut et le débit sportif comme s’il poussait de la fonte. Il faudrait être sot pour cracher sur des passes d’arme à l’ancienne entre soldats comme « Plane Gang » avec la clique de Boston Edo G, Termanology et Akrobatic (qui a retrouvé la forme après de graves soucis de santé), ainsi que « Final Four 2 » avec Ea$y Money du ST Gang, Planet Asia, King Magnetic, Reef the Lost Cauze, Rasco, Phat Kat, Guilty Simpson et enfin DJ 7L. Reks a le bras long.
Des tracks très solides dans l’ensemble, une minorité de plus faibles, d’autres qui auraient mérité d’être plus percutantes mais qui cognent sec. 35 au total, avec un bon rendement, il y a de quoi faire, de quoi y trouver largement son compte. Reks n’explosera jamais au grand jour, surtout qu’il commence à avoir de l’âge, il ne sera pas invité sur tous les albums de rap indé du moment, n’intéressera pas la jeune génération, c’est pourquoi The Greatest X a de multiple mérites.