A coucher dehorsDucoudray et AnlorGrand angle
Sept 2016
Une couverture de toute beauté. Une thématique science-fiction humoristique ?... La curiosité est aiguisée et on ouvre ce nouvel album d'Aurelien Ducoudray avec envie.Amédée et ses potes de galère : Prie-Dieu et la merguez, sont trois SDF qui vont se faire déloger de dessous leur pont aujourd'hui car les rives de Paris doivent être laissées propres pour les touristes l'été. Au moment où les choses s'enveniment avec la police, un évènement inattendu se produit : un notaire vient signifier à Amédé son héritage de la grande tante Adelaide : un superbe pavillon de banlieue. une seule condition à cela, qu'il prenne en charge Nicolas, le fils trisomique de la défunte, un jeune homme fanatique de Youri Gagarine
L'idée était très bonne. Le rendu est impeccable. Fort d'un scénario et d'un humour maîtrisés, "A coucher dehors" se révèle être une excellent surprise.Aborder à la fois le thème des SDF et de la trisomie dans la même histoire n'était pas chose aisée, tant il faut savoir doser l'aspect réaliste et l' aventure, nécessaire dans une collection comme Grand angle. Mais Ducoudray y ajoute une grosse dose d'humour qui apporte l'ossature primordiale au récit.
Le "temple multireligions" des trois SDF
©Ducoudray/Anlor/Grand angle
Anlor (Anne Laure Tran), quant à elle, nous ravit avec son dessin moderne, souple et très dynamique, aux réminiscences de Loisel et Mourier. Elle assure aussi avec grande efficacité la colorisation, aux dominantes bleues et orangées particulièrement agréables. Il s'agit de son troisième travail dans l'univers de la bande dessinée, et le deuxième projet avec Ducoudray (Amère Russie en 2014-2015), faisant suite aux Innocents coupables (2011- 2013, avec Laurent Galandon). Je ne la connaissais pas avant cette lecture, avait juste vu passer une couverture des "Innocents", mais il va sans dire qu'avec une telle réussite, je suivrai dorénavant avec davantage d'attention son travail.A coucher dehors réussi le pari d'un one shot agréable et maîtrisé tant au niveau scénario qu'au niveau graphique. Les personnages, très attachants, aux trognes succulentes, évoluent ceci dit dans un environnement bien posé qui nous laisse à la 48tieme page face à une fin ouverte, comme la possible promesse d'un début de (nouvelle) série. C'est tout ce que l'on souhaite à ces deux auteurs talentueux. Tout public, et recommandé.
241