Aux États-Unis, la variété des contenus du populaire service de vidéo sur demande semble commencer progressivement à devenir chose du passé. Qu’en est-il du Canada?
Alors que le géant de la vidéo sur demande vise à ce que 50% de son catalogue soit peuplé de productions exclusives, cette même proportion de contenus a disparu de son répertoire depuis 2012. C’est en effet ce qu’a soulevé hier Gizmodo, citant un article du blogue Exstreamist qui a sonné l’alarme un peu plus tôt la semaine dernière.
Un constat d’autant plus agaçant lorsque l’on se garde en tête que Netflix a récemment augmenté ses tarifs.
Selon des sources ayant déjà travaillé pour Netflix, son catalogue américain était composé en 2012 «de près de 11 000 films et téléséries». En utilisant les données compilées par le site Unofficial Netflix Online Global Search (UNOGS), le blogueur Tom Juel rapporte que celui-ci ne comprenait que 5 302 titres au moment de la rédaction de l’article, le 28 septembre dernier.
Lorsqu’on se prête au même exercice aujourd’hui, on tombe désormais à 5 287 films et téléséries. Préférant ne pas uniquement nous fier à cette source, nous avons également visité le site AllFlicks, un moteur de recherche équivalent qui affiche également le nombre de contenus répertoriés chez Netflix. Il est plutôt question de 5 474 titres.
Mais qu’importe cette légère contradiction : s’il est vrai que Netflix aux États-Unis offrait approximativement 11 000 contenus distincts en 2012, c’est tout de même la moitié moins aujourd’hui.
Un constat d’autant plus agaçant lorsque l’on se garde en tête que Netflix a récemment augmenté ses tarifs.
Qu’en est-il du Canada?
D’abord, il faut comprendre qu’une aura de mystère a toujours plané à propos de la taille du catalogue de Netflix. Par exemple, lors de son introduction au pays en septembre 2010, Netflix vantait que «des milliers de films et téléséries» étaient désormais accessibles au marché canadien. En rapportant la nouvelle, le journaliste Peter Nowak de la CBC a précisé que ce nombre était situé aux alentours de 7 000 titres.
De son côté, Michæl Geist a rédigé un article en juin 2015 dans lequel il compare l’offre de Netflix à celle de CraveTV. Il y mentionne notamment que AllFlicks répertoriait plus de 7 300 films et téléséries dans le catalogue américain, contre plus de 3 700 titres offerts sur le marché canadien par Netflix.
Par conséquent, cette diminution d’environ 50% de la variété du catalogue de Netflix semble s’être manifestée plus tôt au Canada. Mais cette hémorragie aurait connu une accalmie. Car aujourd’hui, lorsque l’on se prête au même jeu tant du côté d’UNOGS que d’AllFlicks, on observe un maintien de l’offre, avec respectivement 3 777 et 3 857 résultats.
Mais que se passe-t-il?
Netflix a préféré miser sur ses productions originales, qui obtiennent des performances de loin supérieures de toute façon; mais qui bénéficient également, doit-on le rappeler, d’une bien meilleure visibilité sur le service même.
On ne cessera de le répéter, les câblodistributeurs sont depuis longtemps terrorisés devant la menace de Netflix et du phénomène des cords cutters. Au Canada, ils se sont mobilisés pour diversifier leurs activités, de sorte que des services comparables tels que CraveTV (Bell) et Shomi (Rogers et Shaw) ont vu le jour, alors qu’au Québec, le Club Illico de Vidéotron est toujours exclusivement réservés qu’à ses abonnés.
Ces joueurs profitent ainsi de leur poids pour négocier les droits de distribution exclusive de films et de téléséries à la fois pour le web et sur leur service traditionnel. Devant cette guerre aux enchères, Netflix a préféré miser sur ses productions originales, qui obtiennent des performances de loin supérieures de toute façon; mais qui bénéficient également, doit-on le rappeler, d’une bien meilleure visibilité sur le service même.
Graduellement, Netflix se transforme de simple distributeur de contenus tiers en véritable producteur de contenus exclusifs. Et aux dires de l’entreprise, c’est ce que souhaitent ses utilisateurs.