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Économie et marché: les taux négatifs, une anomalie explicable

Publié le 03 octobre 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) Le concept est dur à saisir. Dans le marché des actions, une action peut avoir une valeur nulle (en cas de faillite de l’entreprise) mais elle ne peut pas avoir une valeur négative. Le phénomène est différent dans le marché des taux d’intérêt. Pourquoi les taux sont-ils si bas? L’action de la Banque Centrale Européenne y est pour beaucoup.

La BCE, dès le début de la crise financière en 2007, a cherché à réduire le coût du crédit et à réveiller l'inflation en apportant aux banques des liquidités. La BCE a ramené son taux directeur de 4,25 % en octobre 2008 à 1 % en mai 2009, puis à 0 % en mars 2015. Elle a également décidé d’agir sur les excédents de liquidités bancaires en diminuant le taux de dépôt au jour sept reprises depuis 2011. Pour renforcer son action, et à l’image de ce qu’avait fait la Réserve Fédérale américaine Mario Draghi, le président de la BCE, a décidé de mettre en place un programme d’assouplissement quantitatif en mars 2015.

L’idée est de racheter aux banques chaque mois pour 80 milliards d'euros de dettes de bonne qualité (emprunts d’État et d'entreprises). Le but? Que les taux d'emprunt des États diminuent offrant un peu de souplesse aux finances publiques et mettant à disposition des banques de nouvelles liquidités. L'ensemble des emprunteurs, publics et privés, ont vu plonger les taux de crédit. La BCE a, en outre, accordé des prêts spéciaux aux banques (TLTRO), dont certains seront même octroyés à taux négatifs. Dans certains cas, la Banque Centrale Européenne les paiera pour emprunter

La BCE a également baissé, en dessous de zéro, son taux de dépôt appliqué aux liquidités que les établissements bancaires déposent auprès de la banque centrale. Le taux est devenu négatif. En d’autres termes, une banque paie pour déposer ses liquidités à la BCE. Elle n’a d’autre issue, pour éviter ces frais, de limiter ses dépôts et donc de prêter cet argent.

Ce contexte particulier de taux bas et négatifs et compliqué pour une banque car il ne lui permet plus de réaliser sa "marge de transformation" comme elle a pu le faire dans le passé. En effet, une banque prête de l’argent sur le long terme et rémunère sur le court terme. Il y a une différence de taux entre les prêts accordés sur une durée courte et ceux accordés sur des durées longues (par exemple, sur une dizaine d'années, comme un crédit immobilier), a priori plus risqués et donc plus chers. La banque joue sur cet écart de taux pour réaliser ses marges. La banque transforme donc des ressources de court terme (et bon marché) en crédits de long terme accordés à un niveau de taux plus élevé. L’action de la BCE a été tellement efficace que la courbe s’est aplati, rendant cet écart entre les prêts courts et longs très faible. La nouvelle est naturellement bonne pour les emprunteurs mais difficile pour les banques…

Le contexte de taux négatifs est bel et bien parti pour durer si on en croit les dernières déclarations de Mario Draghi. La situation est compliquée et difficile à gérer pour les banques pour qui le scénario "japonais" de taux longs pendant longtemps était encore envisageable il y a quelques années.


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