Le religieux est toujours dans la théorie de l'affrontement avec la République. Il digère mal la séparation de l'église et de l'état et est animé d'une constante volonté d'imposer son dogme, son credo, sa morale, sa vision unilatérale de l'existence. J'en veux pour preuve la déclaration du pape Francois jugeant que la France propage " sournoisement " la théorie du genre par le biais de ses manuels scolaires. Il évoque même une " colonisation idéologique " alors que les manuels incriminés évoquent la nécessité de ne pas hiérarchiser entre un genre et un autre. Ce pape manque de discernement et se laisse mener par le bout du nez par tous les mouvements ultra-réactionnaires, ces intégristes qui ne reculeront même pas devant le mensonge pour accréditer leur foi. Mais est-ce étonnant? Faut-il rappeler à cet homme politique, homme de pouvoir et d'influence que bien jamais la République française N'a pour volonté de détruire le modèle traditionnel (hétérosexuel) de la famille et encourager l'homosexualité, la bisexualité et la transsexualité. Le pape cède à des rumeurs propagées par les milieux d'extrême-droite et, mais c'est normal tant il est isolé de la réalité du monde social, semble mal apprécier la réalité du genre qui est un concept issu des sciences humaines et sociales Concept qui affirme l'importance de l'environnement social et culturel dans la construction de l'identité sexuelle de chacun. Lors de notre enfance nous ne faisons pas qu'apprendre notre appartenance à l'un des deux sexes. Nous intégrons aussi souvent implicitement les valeurs et les rôles sociaux associés par les adultes à cette appartenance. Cela pouvant se résumer par le traditionnel : je joue aux petites voitures et non à la poupée parce que je suis un garçon et je joue à la poupée et non aux petites voitures parce que je suis une fille. Couleur bleue pour les garçons et couleurs roses pour les filles. Et de telles associations peuvent conduire à une identité sexuelle et à des "rôles de genre" qui contrairement au sexe biologique sont socialement et culturellement construits. De ce fait, les rôles de genre et l'identité sexuelle, c'est à dire précisément l'identité de genre, permettent à l'âge adulte la reproduction de certaines inégalités inscrites de longue date entre hommes et femmes. Comme celles que nous constatons aujourd'hui en matière par exemple de salaire, d'accès à certaines professions et à certains statuts. Et c'est bien là tout le problème et aussi tout l'intérêt des travaux consacrés depuis une soixantaine d'années aux "constructions genrées" et aux "rapports de sexe" sous l'impulsion historique des études de genre inspirées notamment de Simone de Beauvoir et de son célèbre "On ne naît pas femme, on le devient". Le pape Francois est dans l'incapacité intellectuelle de constater qu'il ne s'agit pas de nier les différences biologiques entre hommes et femmes, mais essentiellement de dévoiler l'origine éminemment sociale et donc le caractère en réalité arbitraire de l'inégalité des sexes dans de multiples domaines. Mais pour un dogme qui nie fondamentalement depuis ses origines l'égalité des femmes avec les hommes sa réaction est bien celle d'un obscurantiste fidèle.