J’avais prévu un autre article pour aujourd’hui, mais quand on reçoit une invitation de Solange, il est difficile de la décliner.
Le 30 septembre, la chanteuse dévoilait après quatre ans d’attente son nouvel album A Seat at the Table (dont les copies physiques seront disponibles le 18 novembre si vous aimez comme moi collectionner tout ce qui prend la poussière). Et ce lundi matin, j’ai été accueillie sur YouTube par deux très beaux visuels pour mes deux pistes préférées, à savoir Cranes in the Sky, co-produit par Raphael Saadiq, et Don’t Touch My Hair, qui compte la participation de Sampha. Impossible de ne pas penser au I Am Not My Hair d’India.Arie en découvrant ce dernier titre et Solange, qui a grandi dans un salon de coiffure, reconnaît cette influence avec le sourire. « Je pense que les cheveux sont incroyablement spirituels et, d’un point de vue énergétique, cela englobe et reflète vraiment les personnes que nous sommes, a-t-elle analysé lors d’une interview sur son site Saint Heron. Je pense que l’une des choses que j’essaie également de communiquer à travers cette chanson, c’est la façon dont les gens nous perçoivent à travers nos cheveux. (…) Une journaliste mode blanche d’un grand magazine a porté une perruque afro pour Halloween et s’est grimée de noir en se faisant appeler Solange. Un autre magazine qui s’amusait à chercher des sosies de stars a choisi de m’associer à un chien. Ils ont littéralement comparé mes cheveux à des poils de chien. Donc les cheveux sont devenus un sujet très complexe pour moi. Je me souviens de ma mère m’ayant accompagnée pour une série de shows et toutes les micro-agressions subies pendant nos voyages durant ces quatre jours m’ont poussée à relever qu’à chaque fois que j’avais les cheveux lisses, c’était plus facile de voyager. Donc la chanson parle autant du fait de voir toute son identité remise en question au jour le jour que de la problématique de se faire toucher les cheveux en permanence ! »
Si Solange parvient à toucher tout le monde avec cet opus en chantant les thèmes universels du deuil, de la colère, de la peine ou encore du pouvoir, A Seat at the Table est indéniablement son ode à la femme noire et son histoire familiale ; une famille qu’elle invite d’ailleurs à prendre part à la conversation en offrant des interludes à ses parents. Mais ne vous méprenez pas : tout le monde est convié ! « Pour moi, A Seat at the Table est une invitation à prendre place, se rapprocher et partager ces vérités difficiles et gênantes. Ça ne va pas être joli, ça ne va pas être drôle, ça ne vous fera peut-être pas danser, vous aurez du mal à respirer, mais voilà à quoi ressemble l’époque actuelle. C’est mon invitation à ouvrir ces portes et utiliser cette voix, oser mettre un peu de désordre et étaler mes vérités tout en les assumant fermement », poursuit-elle.
Et ce que j’aime tant chez l’artiste, c’est qu’elle procède avec beaucoup de douceur, en créant un espace rassurant et propice à la discussion en ayant recours à la musique, les couleurs, la danse et ces si sublimes tableaux réalisés avec son mari Alan Ferguson qui appellent à la contemplation.