Il est urgent de ne rien décider...et de donner du temps au temps... La Présidence française du Conseil de l'Union va commencer avec de gros nuages dans le ciel estival : le traite de Lisbonne en rade, la question pétrolière en suspend, les élargissements (à la Croatie notamment) gelés, les perspectives d'un embryon de diplomatie commune et d'une « gouvernance » plus efficace repoussées, l'atmosphère communautaire plombée au sommet...
Et le « pire » est peut-être encore à venir : les Tchèques (qui présideront le Conseil de l'Union après la France) n'ont pas encore ratifié le projet de traite et les Polonais non plus...Et bien des gouvernements ne sont guère pressés d'appliquer ce traité de Lisbonne qui en fait n'a qu'un gros avantage par rapport à Nice : accroître les pouvoirs du parlement européen...
Qui plus est, le « tandem » franco-allemand, en dépit des efforts déployés ces dernières semaines, reste miné par des divergences de fond sur nombre de sujets abordés ou ...occultés.
Mais comme redirait Sarkozy qui adore les défis, « pour être passionnant, c'est passionnant »
Dans ce contexte, une consolation : personne n'a fait comme si le Non irlandais n'était pas porteur de sens et révélateur de la pire des pannes : celle de l'Europe citoyenne.
A quelque chose, malheur est bon : cela peut donner aux prochaines élections européennes une importance sans précédent...si les «élites » politiques (et pas seulement celles au pouvoir) prennent enfin conscience de leurs vrais enjeux. Et savent utiliser cette échéance en oubliant leurs intérêts « politichiens » domestiques.
Dans le même contexte, un constat rassurant : l'essentiel du programme de la présidence française n'est pas lié aux questions institutionnelles. « L'Europe par la preuve », comme on se plait à dire à Paris peut progresser si Sarkozy et son entourage privilégient l'action en profondeur et non les effets de manche et de menton.
Redisons-le : il est urgent d'en revenir aux fondamentaux (à l'entente franco-allemande notamment), aux recettes qui ont fait leurs preuves (aux coopérations renforcées, comme le souligne justement Jacques Delors) et à une révision des méthodes d'actions (ou d'inactions) de la Commission qui songe plus à son renouvellement qu'à sa mission, qui tombe dans les pièges d'une « communication » plus nombriliste qu'efficace et qui pêche par défaut de sens politique.
Il est urgent aussi et surtout que les pro-européens cessent de se montrer sur la défensive par rapport aux offensives des adversaires de l'unification du continent. « Les pires ennemis de l'Europe, ce sont les Européens ». Pourquoi cet état de fait ? Et comment rendre caduc ce terrible constat qui s'impose dans un monde où plus que jamais « qui n'avance pas recule » ? Voilà le débat de fond qui doit commencer dès maintenant dans la perspective des prochaines élections européennes. Avec ou non une « Constituante » au bout du chemin. Mais avec une vraie pédagogie démocratique.Cette pédagogie sans laquelle il n'y aura point d'Europe des citoyens.
Cette crise n'est en fait que la continuation des erreurs et des fautes accumulées depuis le détestable traite de Nice (que l'on va subir longtemps encore). Pour en sortir « par le haut », il s'agit donc de transformer bien des vices en vertus. C'est le grand enjeu de la « présidence française ». Celle-ci serait mieux placée pour relever ce défi si notre crédibilité nationale n'était pas minée par notre situation financière et par notre réputation de « donneurs de leçons imprévisibles »
Daniel RIOT
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