Sorte de transition entre l'entreprise « digitale » qui se propage actuellement et l'entreprise autonome qui émergera à partir de 2020, l'entreprise algorithmique est définie comme « la capacité à créer de la valeur métier par l'application d'algorithmes sur des données ». Aussi nébuleux qu'il puisse paraître, le concept est désormais une réalité, entre le pricing dynamique des compagnies aériennes, le placement de publicité des géants du web, les outils de trading automatiques, l'évaluation du risque de crédit…
Après les débuts de l'informatique consacrés à l'automatisation des tâches répétitives, suivie de l'ère « digitale » définissant de nouveaux modèles à la convergence des mondes physique et numérique, les progrès de l'intelligence artificielle permettent ainsi d'envisager une prise d'autonomie des algorithmes dans le pilotage d'une part croissante de l'activité des entreprises. Les « bots » et autres assistants virtuels qui se répandent autour de nous en constituent les prémices, mais la véritable révolution reste à venir.
Le défi dans les organisations existantes est colossal, car, dans une certaine mesure, il s'agira de les transformer en entreprises technologiques, dans lesquelles, d'une part, la collecte et la gestion des données, et, d'autre part, la conception et la mise en œuvre des algorithmes capables d'en extraire la valeur, seront des critères essentiels de différenciation concurrentielle. Et, de plus en plus, les acteurs qui tireront leur épingle du jeu seront ceux qui maîtriseront les disciplines de l'intelligence artificielle.
Afin de faire face à la disruption promise, les plates-formes technologiques doivent fondamentalement évoluer. Gartner les répartit en 5 catégories différentes, supportant respectivement : le Système d'Information (le socle de base, comprenant les fonctions de « cœur » de métier), l'expérience client (avec ses portails, ses applications mobiles…), les données et capacités analytiques (destinées à alimenter les algorithmes de découverte et d'« action »), l'Internet des Objets (prenant en charge la connexion avec le monde physique) et les écosystèmes (assurant l'ouverture vers l'extérieur, bidirectionnelle).
Cette nouvelle approche va accroître la pression sur les DSI, dont les efforts portent encore trop exclusivement sur les systèmes « cœur » (notamment leur maintien en conditions opérationnelles) et les applications exposées aux clients. Ils ne peuvent éviter d'introduire les autres dimensions – données et algorithmes, écosystèmes… – dans leurs stratégies, à moins que d'autres responsables ne s'en emparent dans l'organisation. Dans tous les cas, la difficulté principale, que Gartner n'explore pas suffisamment, sera l'intégration entre ces plates-formes, déterminante pour le succès du modèle.