Les sites pornographiques ont le vent en poupe en Algérie puisque 80% de la navigation Internet leur serait dédiée. Est-ce pour autant une preuve d’une quelconque frustration ? Un signe clinique d’une carence sexuelle devenue chronique ? Une maladie "générationnellement" transmissible ?
La société algérienne a toujours souffert d’un déficit dans ce domaine (sexuel) et davantage, depuis les premières crises économiques des années 1980. L’acte sexuel qui n’a le droit de s’exercer qu’à l’intérieur du cercle
légal du mariage, s’est retrouvé prisonnier de la baisse du pouvoir d’achat ; la femme étant une marchandise comme une autre. Les jeunes se mariaient de moins en moins et de plus en plus tard. Convoler en justes noces était devenu, au final, un luxe fantasmé autant que le sexe.
Notre société qui se veut profondément conservatrice est fondée sur des valeurs séculaires, fécondées au fil des siècles par les mœurs et engrossées par la religion. Et malgré le temps et les 70 % de jeunes, le sexe demeure tabou et sa évocation provoque, tel un esprit frappeur, révulsions, craintes et malaises. Il n’a droit de cité que dans les espaces restreints ou intimes : la société l’a banni de l’espace public en faveur d’idéaux divins et se retrouve avec nos corps, captifs de nos dogmes et croyances.
Par complaisance envers la mouvance islamiste, l’État reprenait à son compte, dès les années 2000, les pratiques immondes des milices intégristes qui faisaient la chasse aux couples, dans les campus universitaires, les rues, les voitures ou même les appartements.
Aujourd’hui en Algérie, un couple d’amoureux a plus de chances qu'un vulgaire malfrat de se retrouver devant les tribunaux. Dans de nombreux cas, les autorités les obligent à se marier pour éviter le déshonneur et la prison. En Algérie, plus que n’importe où ailleurs, les histoires d’amour finissent mal … et avant même d’avoir commencé !
Entre l’enfer des interdits islamistes et la réalité amère d’une situation économique aux abois, les jeunes se tournent vers le monde virtuel ; les rencontres fictives, les fantasmes sans lendemain, les tchat entre pseudonymes sans peur du frère ou du cousin. Les réseaux sociaux, les sites de rencontres ou pornographiques comme unique échappatoire. Les mêmes sites que veut fermer la ministre des communications.
Religion et sexualité ; aux sources du malaise
C’est du manque que naît le désir, sauf que les grandes religions monothéistes créent le premier pour interdire le second. Pour de nombreux psychologues, ces religions tueraient la promesse même d’une sexualité épanouie : elles rétrécissent ses champs, imposent des codes, la confinent dans un espace d’expression restreint. Le sexe se retrouve prohibé en dehors du mariage ; il devient infâme, et la jouissance (même dans le cadre de cette union) une hérésie pour l’âme.
L’éducation religieuse utilise une pédagogie culpabilisante, car le péché se retrouve dans la nudité et la chair, dans la relation intime avec soi-même et avec autrui. Le rapport que développent les enfants avec le corps ne peut qu’être biaisé dans cette distorsion mentale, qui veut spolier l’homme de sa nature sexuée.
Dans le monde musulman, la culpabilité commencerait avec les rites " mutilatoires" des circoncisions et des excisions, et les supplices subis sur les parties génitales, généreraient les premiers refoulements et traumatismes ; un éveil douloureux à la conscience sexuelle.
Plus vieux, les "fornicateurs" payeraient de leur vie les errements incontrôlés de leurs pulsions : entre flagellation et lapidation, le cœur de la mort balance ! Si l’homme pieux (qui est déjà mieux nanti que la femme sur terre) est promis aux grands privilèges sexuels compensatoires dans l’au-delà, l’islam ne dit étrangement rien de la récompense réservée aux femmes restées vierges, chastes ou fidèles.
Gardiennes de la pureté morale, elles ne sont au fait que récompenses : des présents à déballer la nuit de noces et le jour du jugement dernier. Les islamistes aiment d’ailleurs les cantonner dans les Harems, les amasser, les posséder, les échanger, les vendre, les dépuceler, les violer, les marier de force et les engrosser à répétition.
La nouvelle police des mœurs
L’avènement des nouvelles technologies et de l’internet, soumet à rudes épreuves, l’ensemble des sociétés en «Musulmanie» qui les adoptent et essaient d’en tirer profit sans trop les subir. L’innovation est certes porteuse de progrès, mais aussi de défis, nécessitant ajustements, adaptations voir purges.
En réalité, même l’Occident fait face à la problématique de la pornographie, notamment chez les jeunes, mais ni les méthodes, ni les recettes ne sont comparables aux nôtres : entre eux et nous, il y a plus d’un siècle de révolutions sexuelles.
En Occident, il est loin le temps où l’Eglise interdisait les rapports hors mariage. Loin les temps où l’enfant devait être normalisé ou portait un appareil l’empêchant de se masturber. Freud n’est plus un profanateur de la cellule familiale et les révolutions sexuelles des années 1960, ont signé définitivement la fin du règne de la pensée moralisante chrétienne.
La problématique de la pornographie, chez eux, réside dans le fait qu’elle impose des standards sexuels à une population souvent très jeune, et ignorante des véritables rapports, hommes-femmes, basés normalement sur le respect et le consentement. Elle fabrique des canevas de fantasmes qui formatent les esprits des jeunes, et ne fait jamais du sexe, un couronnement de la relation amoureuse.
Chez nous, c’est la logique de contrôle exercée par les maîtres de la morale, qui est poussée à l’extrême. Après la rue, c’est l’espace fictif de la toile qui est visé. Aux yeux des décideurs, le peuple serait éternellement irresponsable, candide et adolescent. L’état providence jusqu’au bout de nos doigts.
On ne peut régler le malaise sexuel de toute une génération, en la privant simplement des sites de rencontre ou pour adultes. D’abord parce que ces jeunes trouveront le moyen de contourner l’interdit (l’échec du blocage des réseaux sociaux durant le BAC en est une preuve), ensuite parce que, comme toujours, la prohibition ne créera qu’un monde parallèle, sulfureux et profitable aux milieux mafieux.
On fait dans la démagogie (préélectorale?) là où l’on devrait faire de la pédagogie : informer, expliquer, éduquer, renseigner et débattre, voilà ce que devrait être le rôle de l’État.
Éducation sexuelle et sensibilisation sur les dangers du web
L’éducation sexuelle ne veut pas dire incitation à la débauche. Elle contribue à l’amélioration de la santé publique en apprenant aux jeunes à reconnaître les maladies sexuellement transmissibles et à les éviter. Elle sert à leur apprendre l’utilisation efficace des moyens de contraceptions, à combattre les IVG clandestines pratiquées par des sorcières et charlatans dans des conditions extrêmes. À lutter contre les crimes d’honneurs, les fugues et les grossesses des mineures.
Elle sert également à démonter le mythe de la femme objet, soumise exclusivement aux désirs masculins. Enfin l’éducation sexuelle sert à pacifier et à dépassionner les relations hommes-femmes à travers une approche savante plutôt que moralisante. Tout en sensibilisant les parents au contrôle du contenu de la navigation, l’état doit fournir un service de soutien et les outils nécessaires pour préserver les mineurs de tous les dangers du web (enlèvement, endoctrinement, violence, pédophilie, prostitution… Etc.)
En attendant qu’une génération d’Algériens et d’Algériennes se décide, enfin, à mener sa propre révolution sexuelle, l’État continuera sa parade nuptiale destinée à exciter nos "Daechiens". À travers des coups médiatiques, il continuera son effeuillage tout en leur administrant de fortes doses de viagra de la morale, pour qu’ils nous fassent, ensemble, un gros bébé dans le dos : un monstre théocratico-maffieux pour les législatives de 2017.
Hebib Khalil
http://www.lematindz.net/news/21913-pornographie-en-ligne-en-algerie-malediction-feraonique-ou-soupape-de-secours.html