Dévoilé au printemps dernier, le porte-monnaie mobile concocté par BNP Paribas et Carrefour devrait entrer officiellement dans sa première phase de test opérationnel ce mois-ci, dans les Yvelines. Arrivant tardivement sur un marché français plutôt encombré, cette nouvelle solution a tout de même quelques atouts à faire valoir.
Précisons tout d'abord que Wa! – c'est le nom de l'application mobile qui en constitue la partie visible du consommateur – ne se contente pas d'être un énième moyen de paiement sur téléphone. Ainsi, dans son incarnation initiale, il permettra de gérer non seulement les cartes bancaires mais également les programmes de fidélité et les coupons de réduction. L'ambition de ses concepteurs est bien de remplacer le portefeuille par le smartphone, en essayant au passage d'optimiser l'expérience client.
Dès l'enrôlement, la simplicité d'utilisation prédomine : seules 3 informations sont requises (une adresse de messagerie, un numéro de téléphone et un code de sécurité) et le compte est créé ! Il ne reste ensuite qu'à enregistrer les éventuelles cartes de fidélité, cartes bancaires – grâce à une simple capture photographique – ou encore comptes Paylib et l'application est prête à entrer en fonction (une étape de contrôle 3DS étant cependant requise pour confirmer l'inscription des instruments de paiement).
Avant tout, le mobinaute peut y retrouver les commerçants participants, par exemple par géolocalisation, et y découvrir les offres et promotions qui lui sont attribuées individuellement (selon ses préférences). En magasin, lors de son passage en caisse, il lui suffit de présenter le code barre de son compte pour que celles qu'il a sélectionnées soient immédiatement imputées sur ses achats. S'il le souhaite, il annonce son intention de payer avec Wa! et n'a plus qu'à sélectionner sa carte parmi celles qu'il a enregistrées afin de finaliser la transaction et recevoir le ticket de caisse.
À ce stade, il faut noter que l'expérience utilisateur n'est pas totalement idéale (mais la perfection est-elle possible ?) : le nombre de gestes nécessaires dans le parcours semble un peu élevé (déverrouillage du téléphone, lancement du logiciel, sélection de l'option de passage en caisse, présentation du code barre, choix du mode de paiement, saisie du code de sécurité…). D'autre part, le paiement avec l'application requiert une connexion réseau sur le mobile, ce qui risque de générer quelques frustrations.
Du côté commerçant, collaboration avec Carrefour oblige, la solution est conçue pour limiter les impacts. Le choix d'une identification de compte par code barre (et non par les QR codes habituels), notamment, répond à un impératif de compatibilité avec les matériels existants (les systèmes de caisse ne requièrent qu'une mise à jour logicielle). De même, les programmes de fidélité et de gestion de coupon restent entièrement sous le contrôle des marchands, qui disposent d'un outil de pilotage dans ce but.
Mais venons-en à ce qui fait la véritable originalité de la plate-forme de BNP Paribas : son ouverture. Celle-ci s'exprime déjà par le fait que la solution est proposée à tous les consommateurs et tous les commerçants, quelle que soit leur banque. Surtout, l'ensemble de ses fonctions est accessible aux partenaires, grâce à la mise en œuvre généralisée d'API (« interface de programmation applicative »). Le porte-monnaie mobile sera de la sorte susceptible d'accueillir de nouveaux services, de manière modulaire, tandis que ses fonctions de paiement pourront être intégrées dans des applications tierces.
C'est d'ailleurs grâce à ces possibilités que le porte-monnaie virtuel est aussi exploitable pour le m-commerce. Dans ce cas, le choix de l'option ad hoc lors du check-out renvoie vers l'application Wa! pour le paiement et l'utilisation des offres promotionnelles, tandis que les informations de livraison (saisies une seule fois) sont transmises automatiquement au marchand avec la confirmation de l'opération. Soulignons au passage l'engagement de la banque à ne collecter que les données nécessaires au fonctionnement du système et à n'en faire aucun usage « détourné ».
En synthèse, contrairement à une majorité de ses prédécesseurs, Wa! veut être un vrai porte-monnaie mobile, riche et complet, dont la prise en charge des paiements n'est qu'une composante parmi d'autres (optionnelle, qui plus est). Dans ce sens, le contraste avec Paylib – dont l'annonce de la prochaine intrusion dans le commerce de proximité est arrivée 2 jours après celle de Wa! – est saisissant, tout comme l'est le parallèle, facile à établir, avec l'arrivée d'Apple Pay en France dans le courant de l'été.
D'une certaine manière, Wa! représente une avancée vers la transformation du parcours client, en particulier par la mise en retrait de l'étape de paiement, même si les progrès en la matière sont embryonnaires. Il reste maintenant à évaluer l'appétence des consommateurs pour l'expérience que leur propose BNP Paribas, objet du test à venir.
Merci à Antoine et Sébastien pour la présentation de Wa!