Petit pays

Publié le 01 octobre 2016 par Lorraine De Chezlo
de Gaël Faye
Roman - 220 pages
Editions Grasset - août 2016
Prix du roman Fnac - 2016
Gaby grandit à Bujumbura, au Burundi. Un père blanc expat' entrepreneur, une mère rwandaise, une sœur modèle, cousins et amis. Une enfance douce sur laquelle Gaby porte un regard attendrissant. Jusqu'au jour où la guerre s'infiltre dans leur petit pays, semant doute et frayeur, clivages et racisme.
Petit pays raconte le pré-exil, raconte la post-innocence de l'enfance, raconte le divorce des parents, raconte l'absurdité des guerres, de ce génocide tutsi. Un regard de l'extérieur comme on pourrait le porter sur la situation. Le vécu depuis une famille à la lisière du pays, quartier résidentiel d'expatriés, un pied en France aussi, une famille métisse. L'enfant est bien sûr extérieur aux exactions, rien n'est vu ni conté mais ils sont vite éclaboussés, mazoutés.
Extrait :"Rien n’est plus doux que ce moment où le soleil décline derrière la crête des montagnes. Le crépuscule apporte la fraîcheur du soir et des lumières chaudes qui évoluent à chaque minute. À cette heure-ci, le rythme change. Les gens rentrent tranquillement du travail, les gardiens de nuit prennent leur service, les voisins s’installent devant leur portail. C’est le silence avant l’arrivée des crapauds et des criquets." Le deuil de l'enfance et du pays s'impose lorsque la mère revient, d'un séjour au Rwanda qu'elle souhaitait ardemment pour retrouver les siens, hagarde et folle, obligée de raconter, même à la toute jeune fille,  dans le détail, les massacres dont elle fut témoin.Je m'attendais à un roman plus original dans sa forme, voyant dès le début les lettres retranscrites de la correspondance entre Gaby et sa correspondante française. Au final, le regard naïf et enfantin dans les romans sur l'Afrique n'est pas nouveau. C'est peut-être sur le génocide qu'il a peu été écrit sur ce ton, grave et distant, lumineux et simple. Gaël Faye arrive à camper très rapidement une ambiance enjouée et vivante, avant d'écrire des chapitres peut-être un peu longs, pour enfin terminer avec brio sur une fin apocalyptique, poétique, poignante.
"Petit pays" et très grand roman - Médiapart