Album " Terre de France "... 1974... En couverture, le futur interprète de " Femmes, je vous aime ", hobereau romantique égaré quelque part dans quelque coin de Haute Normandie, ou de Bretagne, regard perdu " sur nos calvaires, sur nos calvaires "... Pierre sonnante chevauchée de fantasques korrigans, le piano trace son sillon, comme le tracteur à l'intérieur de la pochette du 33, tracteur sur lequel trône un petit garçon, aux côtés du père. Dans " le petit matin frileux " comme le chante cette année là Daniel Guichard. Taiseux, recueillis... " Sommes des gens parfois gais, quand on est triste il fait mauvais... "
Pudeur paysanne teintée de provincialisme, ambiance à la Maupassant. " Tu peux bien changer de nom, le visage de tes régions "... Musique qui monte doucement, majestueuse. Piano omniprésent, " parsemé de taches bleues " sur la prairie, dans la mémoire et dans le ciel. La voix microsillonne, impose son timbre particulier, sème une graine légère. Vol souple d'une sorte d'oiseau moisson. " Le blé qui lève, le blé qui lève ". La voix enveloppe, écarte la brume du matin, rase les talus, épouse la courbe des collines, se désaltère aux points d'eau, s'allonge aux ruisseaux, " comme un étang où flottent mes rêves... "
Je lis Henri Pourrat, Jean Giono, Henri Bosco, Alain Fournier, George Sand. Auvergne, Provence, Sologne, Berry. " Gaspard des Montagnes ", " Le chant du monde ", " le Mas Théotime ", " le Grand Meaulnes ", " la Mare au diable "... Marcel Pagnol vient de mourir, j'ai la tête encore remplie des images de " Jean de Florette ", de " Manon des Sources " et de " la Gloire de mon père ". " Ce sont les choses du temps qui ont fait nos tempéraments "...