La mesange et l'ogresse - harold cobert

Par Leila Renoux @LeelooR
C’est imprégné ou plutôt madéfié de la tension, des questionnements et du harassement des enquêteurs que le lecteur s’attaque à cette mésange qui au fil des pages se métamorphose en ogresse.A l’instar d’un suspens digne d’un polar, Harold Colbert tient son lecteur en haleine, en alternant de courts chapitres. Tantôt une écriture hésitante à l’image du bafouillage inintelligible de Monique Fourniret, tantôt une écriture mesurée et pleine de retenue pour relater les faits des crimes obscènes et des enquêtes en cours.Harold a fait le choix de se mettre dans la tête de Monique, qui relègue au second plan son époux dans ce roman. Derrière ces cafouillages et atermoiements, elle balade le lecteur et les enquêteurs entre un statut de victime ou de complice.« ce n’est pas mon truc à moi, de réfléchir, surtout en ce moment, mon cerveau s’emmêle les pinceaux, il s’embrouille tout seul, trop de questions entre celles que me posent les flics et celles que je dois me poser pour dire les choses que je peux dire et ne pas dire les choses que je ne dois pas dire »
Que penser de cette femme qui va à la chasse aux MSP (membranes sur pattes)?, le code que le couple Fourniret utilise pour désigner de jeunes filles vierges. Etait-elle vraiment sous l’emprise de son « Fauve » ? « C’était vraiment le bon temps, c’était bien, on était ensemble, Fourniret ne me tenait pas encore à l’écart, il était encore mon fauve et j’étais sa mésange, c’était notre pacte, j’existais, je me sentais utile, j’ai toujours aimé rendre service et m’occuper des autres, c’est mon truc à moi, les autres. »
Une emprise qui distordrait tout raisonnement, et qui aurait le pouvoir d’annihiler complètement sa pensée. Et pourquoi cette quête commune « d’anneaux magiques » se serait arrêtée ? Pourquoi Fourniret l’a mise à l’écart ?Autant de questions que l’on se pose et qui trouvent leurs réponses à la 120ème audition de Monique.Entre temps, on ne voit pas défiler les 425 pages, Harold a réussi le pari de faire d’un fait-divers écœurant et bouleversant, un page-turner haletant.
4ème de couverture« Ce que je vais vous raconter ne s’invente pas. »
22 juin 2004. Après un an d’interrogatoires, Monique Fourniret révèle une partie du parcours criminel de son mari, « l’Ogre des Ardennes ». Il sera condamné à la perpétuité. Celle que Michel Fourniret surnomme sa « mésange » reste un mystère : victime ou complice ? Instrument ou inspiratrice ? Mésange ou ogresse ?
Quoi de plus incompréhensible que le Mal quand il revêt des apparences humaines ?
En sondant les abysses psychiques de Monique Fourniret, en faisant résonner sa voix, jusqu’au tréfonds de la folie, dans un face à face tendu avec les enquêteurs qui la traquent, ce roman plonge au coeur du mal pour arriver, par la fiction et la littérature, au plus près de la glaçante vérité.
Date de Parution : 18 Août 2016Editeur : PlonNombre de pages : 425
du même auteur: Lignes briséesUn hiver avec Baudelaire, Dieu surfe au pays Basque