(En plus, la température extérieure était pratiquement estivale!).
Le pitch : une multitude de passionnés de photographie urbaine ont passé près de deux heures à regarder défiler les slideshows des photographes membres du collectif SPL (Street Photography Luxembourg) et de leurs amis invités.
Je n'ai pas compté, mais si on estime à une cinquantaine le nombre de photos par slideshow, on a dû voir quelque 900 clichés au final.
Bon, ça allait vite, le principe des slideshows est de proposer un montage dynamique calqué sur une musique, et en général la cadence des images était assez fébrile.
Mais cette abondance visuelle traduit bien la diversité des approches et des sensibilités dans la pratique de la street photography (ou candid photography en anglais) au Luxembourg.
Les rues accueillent en effet toutes les expressions, joie et désespoir peuvent s'y croiser en un micro-instant, le riche y toise le pauvre, la bête y répugne la belle, l'autorité y vigile le rebelle - et les photos projetées hier soir transmettent ces différentes vibrations souvent de façon très directe : on y a vu la mélancolie des trottoirs mouillés par la pluie, l'effervescence des foules pressées d'aller au travail (ou ailleurs), la turbulence des fêtards nocturnes, la préciosité des encravatés de bureaux ou encore l'indigence et le regard triste des laissés-pour-compte...
Chaque photographe a sa façon de ressentir l'espace public. Certains y brodent de la poésie, d'autres s'enivrent de son énergie trépidante, d'autres encore s'amusent des petits hasards visuels qui peuvent s'y produire... Tant qu'elle est n'est pas simplement résidentielle, tant qu'elle est arpentée par tout un peuple hétéroclite, tant qu'elle est véritablement populaire, la rue grouille de mille incidences et sensations. Architecture, sociologie et humanité s'y mêlent dans un joyeux capharnaüm.
Les 16 diaporamas présentés aux Rotondes rendent compte, chacun à sa façon, de ces palpitations urbaines; ils illustrent aussi les réflexions "existentielles" du collectif Street Photography Luxembourg : expérimentations, interrogations, étonnements, colères et spleen.
J'ai aimé les propositions de tous les participants, parce que dans chaque série de photos, on identifie clairement la personnalité du preneur d'images et sa relation à la rue et aux gens. Il est intéressant également de considérer la distance que chacun a par rapport aux êtres photographiés, c'est là une question qui m'obsède depuis toujours. Trop loin, trop près, visible, invisible, à quel endroit dois-je me situer pour saisir (ou respecter) la quintessence d'un instant de rue ? Photographier sans être vu, qui, quoi, pourquoi, pour qui ...
Afin que vous ayez une idée de tout ce qui s'est montré à cette 4e Slide Night, j'essayerai d'intégrer dans ce post les liens vers un maximum de vidéos des photographes participants.
Il y a certainement des portfolios que vous aimerez et d'autres que vous aimerez moins, c'est normal, on se trouve ici en pleine subjectivité, les photographes du collectif SPL n'aspirent pas spécialement à la perfection technique, ils rejettent tout ce qui est HDR et image carte postale, ils cherchent plutôt un ressenti esthétique et authentique - du coup, les images qu'ils produisent peuvent ne pas plaire à tout le monde.
Pour ma part, les slideshows qui m'ont franchement enthousiasmé pour cette édition sont ceux de : José Lopes Amaral (pour son noir et blanc sublime et son regard humaniste), Véronique Fixmer (pour sa poésie et la délicatesse de son regard), Dirk Mevis (pour la force brute de ses images), Nader Gholi Khan (pour 'étrangeté et la subtilité de ses images argentiques), Paul Bintner (exploration hyper-sensible de l'univers musical du groupe Go By Brooks - mais est-ce encore de la Street Photography? )
#slidenight16
(p.s. je rajouterai les links vers les slideshows au fur et à mesure de leur publication)