Bouteflika a-t-il hérité de cette Algérie-là ?

Publié le 29 septembre 2016 par Amroune Layachi

«Après Bouteflika, l'Algérie restera comme on l'a toujours connue. Les mêmes injustices, les mêmes disparités, les mêmes inepties, voire pire ! Face au mur des lamentations nationales, on reprendra, vous et moi, les mêmes jérémiades. Car on a tendance à oublier que l'on est, malheureusement, face à des invariants de la gouvernance dans ce pays qui, malheureusement, ne dépendent pas que «d'El Mouradia»»
La démocratie chez les Arabes serait-elle finalement une grande duperie collective? Consiste-t-elle à «valider» le pouvoir d'une façon symbolique et calme, via de pseudo scrutins, à une catégorie de malins? Devenus de véritables professionnels dans la séduction des masses inconscientes et dans l'art de chatouiller les rêves, entretenir les espoirs. Faire peur au peuple quand il le faut est aussi pour eux un moyen pour l'emmener «paître» là où ils veulent. 
Cette forme de «démoniocratie» qui nous catapulte toujours, le plus mauvais au premier la de la scène est une perversion bien arabe de la démocratie. L'exercice du pouvoir dans la plupart des régimes arabes ne se conçoit qu'à travers la raison d'État et donc, à la soumission aux grandes puissances. La contrepartie demeure la pérennité de leurs régimes. 
Exercer le pouvoir dans ces régimes, c'est en quelque sorte vendre à chaque instant son âme au diable. De l'autre, c'est très difficile de gouverner un peuple qui ne conçoit et ne comprend la notion de l'État de droit «doulet el hack» qu'à travers ce qu'il peut en tirer comme avantages, souvent mal acquis ou retirés aux autres, via raccourcis administratifs et combines. 
Chez nous, tout est perverti, la politique et sa pratique, la loi et la façon de l'appliquer, la religion et la manière de l'observer ou de l'exhiber, le savoir et le mode de l'acquérir. Pour un esprit normalement constitué, gouverner ce genre de mentalité est une entreprise impensable, voire impossible. 
Autant qu'il est capable de grandes et de nobles choses, l'Algérien reste tout de même disponible à suivre les voies de l'errance et les chemins de la violence pour peu qu'on lui facilite des alibis, des «fatwas», ou qu'on lui montre un modèle à suivre, lui qui adore mimer les autres. Les années 90 sont là pour nous rappeler cette transition cauchemardesque dans notre conception du monde. 
L'élite, la vraie, quant à elle, ne cherche nullement le pouvoir, elle ne l'a jamais prisé ou été séduite par son exerce ou même voulu s'approcher de ses rouages. Ainsi, une autre élite, politique celle-là, trop ambitieuse prit place derrière les tableau de bord de la gestion publique, pour la plupart, véreuse, cupide et malintentionnée. Conjuguée à une masse majoritairement ignorante et égoïste, c'est la dégringolade multidirectionnelle assurée. 
Face à une telle anarchie et cette ruée vers la responsabilité impunie, on admettrait volontiers une dictature éclairée et juste à une démocratie hypocrite. Pour certains peuples, ce genre de démocratie est comme laisser les clés d'un bistro à des ivrognes. 
Il est vrai que cette façon de pervertir la démocratie lui fait perdre tout son sens et son essence. Au lieu d'être une forme intelligente d'organisation politique qui permet de gérer la pluralité au sein de la collectivité nationale et en faire ressortir le meilleur, cette forme «d'athéisme démocratique» jette la société en bien d'autres périls. Dans un pays où pullulent de toute façon l'usurpateur et la plante carnivore. Des rapaces qui tournent autour du pouvoir tels des vautours attendant au festin le tour. Prêts à manger à tous les râteliers et à jouer à tous les jeux, propres ou sales. On est mal barrés. 
Pour les candides, cette forme de démocratie qui condamne le rite, inverse la vertu, éclate le cercle, qui cherche la sédation par peur de la sédition, l'émeute et la révolution et donne l'illusion de combattre pour un idéal de justice et d'équité, alors qu'en réalité elle combat au nom du clan, de l'ethnie, de la région et du «parasitisme politique». Une fois installée, elle finit par nous troquer «sa liberté conditionnelle» contre notre reddition morale et intellectuelle totale. 
Bouteflika a-t-il hérité de cette Algérie-là ? Sans hésiter, je dirai que oui ! Le copyright ne lui revient certainement pas de droit ! En a-t-il, cependant, suffisamment pour y remédier ? Là encore et en toute honnêteté je dirai que non ! L'âge, la maladie et surtout le terrorisme intellectuel qu'il dit avoir subi de la part de certains cercles, l'ont peut-être pris de court. Quelles que soient les explications et les alibis, pour certains, le coupable reste toujours le pouvoir. Pour d'autres, le seul coupable c'est nous, le peuple. 

par Chaalal Mourad

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