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Les Passionnés de la Réno

Publié le 29 septembre 2016 par Hunterjones
Les Passionnés de la Réno Je ne fais généralement aucune rencontre pertinente dans une quincaillerie.
Qui se ressemble, s'assemble.
Ben justement, je ne m'assemble jamais chez le quincaillier, j'y suis en général assez égaré.
Les Passionnés de la Réno En cherchant un kit de gouttières, j'ai eu affaire à un employé d'origine finlandaise. Lefonn était son prénom. En jasant à bâton rompus, il a bien rigolé de mon incompétence assumée aux travaux sur une maison et, constatant que nous étions presque voisins, il m'a proposé de venir m'aider à installer tout ça chez moi. Ce qu'il est venu faire deux jours plus tard.
"Lefonn?, Lefonn Nissrapa? l'employé de la quincaillerie qui vous avait promis de vous aider..."
Les Passionnés de la Réno
Ah oui! ah oui! ça m'est revenu. J'oublie vite ce qui ne me plaît pas. Il est arrivé chez nous avec peu d'outils. Ce qui est une erreur que mon beau-père ne fait plus car je n'ai rien. Ou si peu. Et quand j'ai, en général,  je ne savais pas que j'avais. Je le découvre. Et c'est toujours le beau-père qui m'avait donné un outil dont je n'avais jamais assumé la paternité puisque je ne l'avais jamais choisi.
Les Passionnés de la Réno On a pas travaillé les gouttières. Contre toute attente, principalement les miennes, j'avais déjà tout fait. Creusé une tranchée le long de la maison, faire passer un tuyau souterrain qui reliait la gouttière arrière à la gouttière avant. les relier à nouveau avec une autre liaison (il existe surement de meilleurs termes) pour aller vider l'eau des toits un peu plus loin dans mes cèdres.
Bravo bambino! plus besoin du Finlandais. Mais voilà, on arrête pas un passionné de la rénovation. Et Lefonn était déterminé.
"Tu m'avais aussi dit que tu devais fixer le bas de ta verrière à cause que des ratons les avaient crochis, mettons nous-y!"
Les Passionnés de la Réno L'envie me manquait. Comme toutes les fois. Mais j'ai été bon joueur. Ou presque. On n'arrête pas un fou de la réno. Quand Lefonn a dit "C'est maintenant le moment d'avoir du plaisir", j'étais déjà assis à lire un livre dans le salon y allant de ma propre définition du plaisir. Lefonn est venu patiemment me tirer de ma mauvaise foi et m'a mis une drill dans la main. Ah oui, j'ai sacré. visser une vis ça devrait être tout ce qu'il y a de plus simple. Et ben non. Parfois ça résiste. Et là, je sacre. Ou j'arrache la tête de vis qui ne veut plus descendre dans le bois. Pas dans le ciment. DANS LE BOIS Viarge!
Les Passionnés de la Réno Je rejouais des airs agréables dans ma tête pour me changer les idées, drilleuse non branchée en main, en actionnant plusieurs fois par erreur la gâchette de la drill. Si j'habitais aux États-Unis, cette drilleuse serait un fusil, parce que tout le monde en a un, et je n'aurais plus d'orteils.
Lefonn a essayé de trouver un terrain commun de communication. Tout en décrochissant ma tôle de verrière, il s'est lancé dans le "small chat".
"Comme ça..t'es traducteur?..."
"Français/anglais, anglais/français, les 2 directions"
Les Passionnés de la Réno "Tu peux tu me traduire Millä tavalla am olen aloittanut minua?"
"Je...je ne traduis, ni ne comprend pas le finnois..."
Son oeil torve semblait chercher un sens à la vie. Après une pause inconfortable, j'ai voulu relancer la conversation.
"De quel coin de la Finlande êtes vous originaire? j'ai un ami à Oslo"
"Oslo est en Suède" m'a-t-il correctement corrigé.
Les Passionnés de la Réno
Autre malaise.
Sans attendre sa réponse (parce que je m'en calissait) j'ai enchaîné.:
"J'ai beaucoup aimé A-Ha quand j'étais jeune"
"Ils sont Norvégiens"
"J'ai déjà pris le train Transybérien"
"Passe pas chez nous"
"Le petit reine au nez rouge..."
Les Passionnés de la Réno
Je vous épargne le reste.
Nous n'avions aucune chance. Rien ne nous unissait. Rien ne nous assemble.
Rien sauf cette tôle décrochie sous la verrière que les ratons avaient magané.
Maintenant correctement corrigée.
Les Passionnés de la Réno J'ai remercié Lefonn, mon partenaire du jour, mais pas mon ami, et lui ai donné une photo signée de Saku Koivu, ce qu'il a semblé beaucoup aimer. Il m'a donné un outil apparemment rare, ce qui me laisse indifférent. (mais j'ai fait semblant d'apprécier).
C'est un presque voisin. Un presqu'ami. Faudra que je le salue de temps à autres.
J'ai mon pusher à la quincaillerie.

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