Aujourd'hui, les compagnies d'assurance sont résolument engagées dans la prévention et elles multiplient donc les initiatives en vue de réduire les risques qu'elles couvrent. Comme ses concurrentes, Aetna déploiera bientôt des applications mobiles dans ce but. Plus original, elle subventionnera aussi l'achat de montres intelligentes Apple.
En partenariat avec la marque à la pomme, dont les premiers pas dans le domaine de la santé et du bien-être l'ont visiblement conquis, l'assureur devrait publier – à partir du début de l'année prochaine – une série de solutions intégrées pour iPhone, iPad et Apple Watch. Celles-ci couvriront différents volets, de l'accompagnement du patient récemment diagnostiqué au suivi de la prise de médicaments et des ordonnances, en passant par les paiements de soins (avec Apple Pay) et la gestion des contrats.
En complément, et afin de stimuler l'adoption de ces applications (et, par voie de conséquence, de comportements plus sains), Aetna commencera, dès cet automne, à proposer aux employés d'une sélection de ses clients grandes entreprises d'acquérir une Apple Watch à des conditions très avantageuses, via une subvention substantielle dès l'achat, puis des réductions de primes. Donnant l'exemple, la compagnie annonce qu'elle distribuera elle-même gratuitement des montres à ses 50 000 collaborateurs.
L'enjeu pour l'assureur est de réduire les risques de santé parmi ses clients et il est prêt pour cela à investir, autant dans le développement de logiciels que dans l'équipement des salariés. Plus inattendue, Apple esquisse là une nouvelle stratégie de distribution pour ses montres intelligentes, qui, selon toute vraisemblance, ont plus de mal à trouver (spontanément) leur place dans la panoplie technologique des consommateurs que les smartphones et les tablettes. Un modèle de vente indirecte, avec des applications spécialisées, pourrait représenter une solution (temporaire ?) à cette difficulté.
Malheureusement, une initiative du même genre sera extrêmement difficile à envisager en France. Non en raison d'une réglementation particulièrement stricte mais simplement parce que, comme l'a montré le cas récent de Generali, les esprits chagrins – journalistes en tête – n'y verront qu'une occasion pour les compagnies d'assurance de collecter et revendre les données de leurs clients, sans vouloir accepter un instant que le seul objectif de prévention puisse être une motivation suffisante, y compris économiquement. Consolons-nous en espérant que des startups s'empareront du concept…