Sous les ors d’un palais national flottant, l’orchestre institutionnel vient d’attaquer les premières mesures d’une valse au final incertain.
Elles/ils sont venus.Elles/ils sont tous là.Même ceux du sud de l’incurie. Hier, sur toutes les tribunes, la bouche en cul de poule, elles/ils mimaient La Marseillaise.Maintenant, sur toutes les ondes, elles/ils brament L’Elyséenne. Elles/ils sont tous là, pour le tant attendu bal traditionnel de fin de mandat ! Du pire clown triste à la moins aérienne trapéziste, en passant par l’écuyère la plus déséquilibrée et le redoutable lanceur de couteaux parlementaires, elles/ils sont entrés en piste, les artistes à paillettes du grand cirque républicain. L’un, adepte des figures de pied droit, est en justaucorps étoilé ; l’autre, plus à l’aise du pied gauche, en tutu de tulle plissé ; tous les autres en nippes, uniforme, combinaison et costume boudinant tendu sur brioche aussi contenue que débordante, jupe moulante sur fesses serrées et genoux entravés. Elles/ils sucent du micro comme les sans-dents sucent de la glace en cornet, se fardent les pommettes comme les allumeuses des bas quartiers, se font teindre les cheveux survivants comme des poules de salon, prennent des cours d’élocution comme des enfants de maternelle, se font écrire des discours de bonimenteurs de foire et des livres qu’ils signent de faux philosophes-vrais déconnologues. Elles/ils, tous ces primates des primaires, tous ces primats des gaules (gauloises) spécialistes de la pêche aux voix, se font donner les derniers cours de Pas de deux et d’entrechat, de racisme élémentaire, de fausse vérité comme de vrai mensonge, de regard en pointe planté dans l’œil de la caméra, de gesticulations de prêchi-prêcheur, et de marche en ligne extrêmement droite qu’ils voudraient aérienne sur des tapis d’Aubusson. Et elles/ils se montrent dans les écoles où balbutient des enfants sacrifiés, se font raser le cuir sur des foires à la moustache, mousser l’image médiatique en lisière de fausse jungle ou rugissent de vrais fauves, tirer le portrait dans des positions de mémoire d’une Histoire malmenée, tirer la promesse de respect des esclaves par des médiateurs choisis sur des parvis d’usines moribondes, promener par des alliés intéressés dans des pays exotiques où ils reçoivent des fleurs de papier crépon, s’affichent en tribune de jeux d’anneaux arrosés à la boisson cocaïnée, se pavanent dans des conseils de sinistres au sourire contrefait sur les marches du saint-lieu, se lancent dans des guerres lointaines de mots à valeur de bombes et de bombes à valeur de mots, se gargarisent de rodomontades devant des cercueils alignés… avant d’aller boire enfin dans le secret tabernacle de leurs demeures princières les sirops onctueux du pouvoir.Sous les ors du palais national flottant et dans ses studios annexes des coursives où ronronnent caméras, questionneurs et experts, l’orchestre institutionnel vient d’attaquer les premières mesures d’une valse catalane qu’ils espèrent entraînante jusqu’aux portes du graal.Mais le palais national flottant donne déjà de la gîte.Mais dans les cales, les soutiers sont déjà noyés.Mais dans l’entrepont l’eau a déjà gagné le menton.Sous les ors du pont supérieur, là où elles/ils se sont rejoints pour la grande chicanerie chorégraphique présidentielle, l’orchestre institutionnel vient d’attaquer pour eux, avant la bourrée hollandaise et la gigue hongroise, les premières mesures de la valse catalane que rien ne saurait désormais arrêter sauf, peut-être… le naufrage !La valse ultime jouée par… l’orchestre fou du Titanic !La valse catalane du Bal des Faux-culs.Salut et Fraternité.