Partager la publication "[Critique] CELL PHONE"
Titre original : Cell
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Tod Williams
Distribution : John Cusack, Samuel L. Jackson, Isabelle Fuhrman, Stacy Keach, Owen Teague, E. Roger Mitchell…
Genre : Horreur/Fantastique/Adaptation
Date de sortie : 21 septembre 2016 (DTV)
Le Pitch :
Clay Riddell, un dessinateur de bandes-dessinées atterrit à l’aéroport de Boston, quand il est témoin d’un phénomène aussi étrange que violent : plusieurs personnes semblent perdre brutalement le contrôle d’elles-mêmes. Rapidement, c’est le chaos. Les gens s’attaquent les uns aux autres. Néanmoins, malgré la panique qui le gagne, Clay s’aperçoit que les victimes étaient en train d’utiliser leurs téléphones cellulaires juste avant de devenir des monstres sanguinaires. Il va dès lors essayer de s’échapper afin de retourner chez lui retrouver sa femme et son fils. Il rencontre alors Tom McCourt, un autre survivant, avec lequel il va aussi tenter de comprendre le phénomène…
La Critique :
Publié en France en 2016 sous le titre, Cellulaire, le roman qui a inspiré à Tod Williams cette adaptation, n’est clairement pas le meilleur de Stephen King. Néanmoins, comme quasi-systématiquement chez l’écrivain américain, beaucoup d’éléments, comme cette violente charge contre l’utilisation massive des téléphones portables et l’hommage à peine déguisé au cinéma de George A. Romero, en faisait un livre plutôt stimulant et quoi qu’il en soit suffisamment divertissant pour ne pas ennuyer, à défaut de s’imposer comme un classique en devenir.
Habitué à voir ses best-sellers et ses nouvelles illustrés au cinéma ou à la télévision, King a aussi profité de l’émergence des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter pour communiquer avec ses fans au sujet des nouveaux projets concernant les adaptations de ses écrits. Alors qu’il s’est montré particulièrement affable ces derniers temps au sujet du nouveau Ça et de La Tour Sombre, pas grand-chose, voire rien du tout, n’a filtré concernant Cell Phone. Il faut dire que le film est terminé depuis longtemps. À tel point qu’il était presque légitime de se demander si nous le verrions un jour. King lui-même a certainement fini par se désintéresser du projet. Et quand un long-métrage reste dans les tiroirs des studios ou du distributeur autant de temps, c’est rarement bon signe. Et en effet, maintenant qu’il est sorti, force est reconnaître le caractère plus que bancal de cette mise en image dispensable au possible…
Tod Williams, le réalisateur en poste, a mis en boite le deuxième volet de la saga found footage Paranormal Activity. Non ce n’est pas bon signe non plus. Cela dit, avec Samuel L. Jackson et John Cusack au générique et une histoire peut-être pas très originale mais solide, tous les espoirs étaient encore permis. Mais non, rien n’y fait. On s’aperçoit assez vite, dès la scène de chaos initiale, que Cell Phone ne sera pas ce qu’il aurait pu être, à savoir une bonne série B bien sanglante et efficace. On comprend tout aussi rapidement que les acteurs, aussi bons soient-ils, ne vont pas changer cet état de fait. Et les acteurs justement parlons-en, car au fond, ils constituent le seul intérêt du long-métrage. Samuel L. Jackson tout spécialement, qui est décidément unique en son genre. Le mec a joué dans un nombre impressionnant de films et pas que dans des bons, bien au contraire. Pourtant, comme dans le cas présent, il est toujours droit dans ses bottes. En grand professionnel, il fait de son mieux et incarne toujours de manière convaincante ses personnages. Celui qu’il campe dans Cell Phone n’a rien d’exceptionnel mais ce qu’apporte Jackson permet quoi qu’il en soit au film de ne pas complètement sombrer. Enfin, la plupart du temps. Car malheureusement, Jackson n’est pas aidé par Cusack. Lui aussi habitué ces dernières années à cachetonner, il ne force pas trop. Avec sa coupe qu’il doit certainement au même coiffeur que le Nicolas Cage des grands jours, il traverse le film comme un zombie et fait le minimum syndical. C’est un bon acteur donc ce n’est pas si mal, mais de toute façon le scénario est tellement bancal qu’on peut difficilement lui en tenir rigueur.
Car oui, Cell Phone trouve le moyen de saborder le récit du roman pour tourner en ridicule son postulat et se transformer peu à peu en une version terriblement cheap de World War Z. Les effets-spéciaux semblent tout droit sorti d’une production Asylum à très petit budget, la réalisation est plan-plan et la violence jamais frontale. Il faut voir le crash d’avion du début pour le croire et se convaincre qu’avec son budget famélique et son réalisateur un peu aux fraises, Cell Phone ne sera ni divertissant, ni tendu, ni drôle, volontairement ou non. Tout est tragiquement plat et banal. Les décors, les dialogues et même ce dénouement en forme de twist raté, qui finit de faire sombrer le spectacle dans un ridicule pas du tout assumé.
En Bref…
Non, Cellulaire n’est pas le meilleur livre de Stephen King. Cell Phone par contre, fait bel et bien partie des pires adaptations de son œuvre. Un film à ranger quelque part entre Dreamcatcher, The Mangler ou Maximum Overdrive, qui lui au moins, avait le mérite d’être tellement à la ramasse, qu’il en devenait parfaitement comique.
@ Gilles Rolland