Juan Diaz CanalesRue de SèvresSept 2016108 p.
La première chose qui frappe lorsque l'on ouvre ce grand format épais de 108 pages, c'est la qualité du papier, et le dessin, superbe, dés la première page : Un trait noir et blanc qui arrête le regard. Un travail graphique remarquable, exacerbant un certain classicisme.Le récit pourrait raconter n’importe quoi, on serait preneur… Et bien qu'il ne s'agisse pas de n'importe qui, puisque Juan Diaz Canales et connu pour être, entre autre, le scénariste de Blacksad, ...cet album est le premier qu'il dessine !
Mais cette histoire de retraités espagnols : Longino, Urbano, Godofredo, Niceto, pris dans un engrenage face à un serment qui les dépasse, est aussi d’une originalité peu courante. Le tout posé dans une atmosphère et un scénario de polar superbement maitrisé, qui laisse place, ultime cerise, à un aspect quasi documentaire sur la vieillesse aujourd’hui en Espagne. Et le fait que cela se passe là-bas retient davantage notre attention, car de magnifiques décors, et l’aspect sociétal évoqués nous absorbent, comme dans un dédale d'éléments exotiques à découvrir.
Car le chômage et les trafiques en tous genres, touchant aussi les anciens, éclate au grand jour, au vu et au su des services de police de quartier, qui ne peuvent malheureusement pas faire grand chose... même si Alvaro, le petit fils d'un des ancien y travaille.L'auteur en profite aussi pour aborder les relations aux immigrés (chinois pour le coup), victimes collatérales des relations (pourries) avec la justice ou les flics. Là, c'est Roman, le propre fils de Niceto, médecin légiste, qui est "mouillé" malgré lui.Il ne fait pas bon vieillir dans certains pays d'Europe semble nous dire Canales... Mais pourtant, la vie continue, et l'espoir et là, tout proche.
Un magnifique premier album en solo, chaudement recommandé.
http://www.editions-ruedesevres.fr/au-fil-de-leau
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