Sans manteau, dans l'odeur de jasmin
je me perds dans ma promenade vespérale,
respirant – avide et prostré, jusqu'à
ne plus exister, à être fièvre dans l'air,
la pluie qui germe et le ciel bleu
qui plombe durement sur les chaussées, signaux,
chantiers, troupeaux de gratte-ciel, amas
de déblais et d'usine, pénétrés
d'obscurité et de misère…
Je marche sur une sordide boue durcie, et je rase
des taudis récents et délabrés, à la lisière
de chauds terrains herbeux…Souvent l'expérience
répand autour d'elle plus de gaieté, plus de vie,
que l'innocence ; mais ce vent muet
remonte de la région ensoleillée
de l'innocence…L'odeur précoce et fragile
de printemps qu'il répand, dissout
toute défense dans ce cœur que j'ai racheté
par la seule clarté : je reconnais d'anciens désirs,
délires, tendresses éperdues,
dans ce monde agité de feuilles.
Pier Paolo Pasolini
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