Délits d'Opinion : Comment se présente cette rentrée pour le couple exécutif ?
Jean-Daniel Lévy : En accusant une baisse de 1 point chacun, cette rentrée se présente pour l'exécutif comme la plus délicate. Jamais, au mois de septembre, le Premier ministre comme le Président de la République n'ont connu un aussi faible niveau de confiance : 18% pour François Hollande, 22% pour Manuel Valls. On peut rappeler qu'il y a précisément un an, les niveaux se situaient respectivement à 24% et 36% et il y a deux ans à 20% et 33%. La baisse de la confiance à l'égard du chef de l'Etat au cours des douze derniers mois est particulièrement marquante chez les personnes âgées de 65 ans et plus (15% aujourd'hui de confiance, -9 points), les sympathisants de Gauche (48%, -14) ; notoirement chez les socialistes (63%, -13), mais aussi au sein des électeurs de premier tour de François Hollande (48%, -11)
Délits d'Opinion : Est-ce que cette baisse de la confiance s'observe également auprès des ministres ? Délits d'Opinion : Quel regard portent les Français sur Emmanuel Macron depuis sa sortie récente du Gouvernement de Manuel Valls ?Jean-Daniel Lévy : On remarque que la baisse ne touche pas que la tête de l'exécutif et que la quasi-totalité des ministres voit la confiance à leur égard se réduire, même les ministres régaliens. Si l'on se prête au même exercice que pour François Hollande et Manuel Valls, observons qu'en douze mois quelques-uns, emblématiques, voient la confiance à leur égard baisser. Citons par exemple Jean-Yves Le Drian qui perd 3 points (45% aujourd'hui), Bernard Cazneuve - 9 (38%), Stéphane Le Foll - 5 (22%), Michel Sapin - 8 (21%) et Najat Vallaud-Belkacem - 7 (20%). Au cours de cette période, deux femmes : Ségolène Royal (31%, +1) et Marisol Touraine (23%, +1) font figure d'exception.
Délits d'Opinion : Dans cette période de campagne pour la primaire de la Droite, remarque-t-on des évolutions auprès des personnalités de Droite ?Jean-Daniel Lévy : On ne rappellera jamais assez que la confiance n'est pas le vote. Et que si Emmanuel Macron est crédité d'intentions de vote flatteuses on peut constater que depuis sa sortie du Gouvernement, la confiance se réduit. - 5 points au global, -9 points (37%) chez les personnes âgées de 50 ans et plus (alors qu'il s'agissait de la frange de population la plus en soutien jusqu'à présent), -8 chez les PCS+ (38%), -7 à Gauche (35%) et -6 au Parti Socialiste (47%), - 9 chez Les Républicains (45%)... autant d'éléments illustrant la baisse de confiance à l'égard de l'ancien Ministre de l'économie. Chez aucune catégorie de population on ne voit Emmanuel Macron progresser. Il est d'ailleurs frappant de remarquer la baisse quasi identique à Gauche et à Droite dans ce moment où les intentions de l'ancien Ministre ne sont pas verbalisées mais où une grande majorité de Français pronostique sa candidature à la présidentielle.
Jean-Daniel Lévy : Déjà, la progression de Nathalie Kosciusko-Morizet chez Les Républicains est quelque chose de nouveau. Alors qu'elle a quitté en début d'année la direction de la formation politique, elle bénéficie depuis son entrée en campagne, de la confiance de 58% des sympathisants LR (+11 points en un mois) progression en pourcentage identique à celle de Bruno Le Maire (66%, + 11). François Fillon en perd un (62%) et Jean-François Copé deux (25%). Si l'on tourne le regard vers les deux " favoris " actuels de la primaire, observons que Nicolas Sarkozy gagne 5 points (70%) chez les proches de la formation politique qu'il dirigeait il y a peu, Alain Juppé progresse d'1 point (71%). Remarquons également, alors qu'un débat sur l'identité ou l'identité heureuse se fait jour, que l'ancien Premier ministre gagne 9 points de confiance chez les proches du FN (36%) alors que l'ancien Président voit la confiance à son égard se stabiliser à 32%. Signe que les effets en matière d'opinion ne sont pas toujours mécaniques.
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Enquête réalisée en ligne du 20 au 22 septembre 2016. Echantillon de 1004 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l'access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l'interviewé(e).