Il n’y a pas que sur Encelade, lune de Saturne, que des panaches d’eau ont été remarqués, sur Europe aussi comme le suggèrent des observations menées avec Hubble.
Aussitôt le rendez-vous lancé par la NASA quelques jours auparavant pour une conférence de presse, le 26 septembre 2016, au sujet d’une annonce majeure quant à Europe, satellite de Jupiter, les spéculations ont fusé sur internet. Y aurait-on découvert de la vie ?
Europe est une des plus grandes lunes de la planète géante parmi les nombreuses qui lui gravitent autour. Depuis plusieurs décennies, c’est un monde qui intrigue autant qu’il fascine planétologues et exobiologistes. En effet, il y a toutes les raisons de penser que cet astre de 3.121 km de diamètre abrite sous son armure de glace — son épaisseur est estimée entre 10 et 20 kilomètres —, un océan d’eau liquide. Songez qu’il y a deux fois plus d’eau que dans ceux de la Terre !
Avec Encelade autour de Saturne, Mars et Titan, et hormis la Terre, c’est un des corps potentiellement habitables de notre Système solaire. Il est donc permis d’imaginer qu’une annonce majeure à son sujet pourrait concerner la présence de formes de vie. Mais c’est encore trop précoce. Pour pouvoir le déterminer, il faudrait être sur place et percer la banquise pour explorer avec un robot sous-marin cet océan chauffé par le noyau de ce satellite. Ce n’est pas encore pour tout de suite même si plusieurs missions s’y préparent ou sont au stade de l’ébauche.
Quoi qu’il en soit, à défaut de pouvoir s’y rendre dans l’immédiat, les chercheurs continuent de faire connaissance avec Europe depuis la Terre. Ou depuis sa banlieue, grâce notamment à la vue perçante d’Hubble.
Animation d’un transit d’Europe observé par Hubble. L’ombre du satellite se projette sur la géante gazeuse (à gauche, on reconnait la Grandtâche rouge). Les astronomes profitèrent de ce passage devant Jupiter pour étudier ce qui entoure le satellite – Crédit : NASA, ESA
Le 26 septembre, la NASA a donc annoncé que l’équipe de William Sparks du Space Télescope Science Institute (STScI) a observé à trois reprises avec le télescope spatial ce qui ressemble à des panaches de vapeur d’eau se déployer jusqu’à 200 km au-dessus de la surface du satellite galiléen.
En fait, ce n’est pas vraiment une surprise car déjà, en 2012, mais par une autre méthode, des chercheurs emmenés par Lorenz Roth du Southwest Research Institute avaient rassemblé des indices dans ce sens.
Ces nouveaux travaux qui viennent de paraître dans The Astrophysical Journal font état de 15 mois d’observation du satellite lors de chacun de ses transits devant Jupiter, le but étant de recueillir des informations sur une éventuelle enveloppe atmosphérique. Cette technique n’est pas sans rappeler celle employée justement pour caractériser l’atmosphère de certaines exoplanètes lointaines. Ces panaches de vapeur d’eau ont été vus sur le limbe d’Europe.
C’est une bonne nouvelle car, comme pour Encelade, petite lune de Saturne qui possède aussi un océan d’eau liquide et des geysers, cette eau qui jaillit à la surface pourra être étudiée sans qu’il soit besoin de pénétrer à l’intérieur. C’est en quelque sorte une fenêtre ou une porte d’entrée sur ce qu’elle nous cache.