Mon coup de coeur du mois d’Août! Un livre magnifique, poignant, émouvant qui m’a tiré les larmes plusieurs fois.
Quatrième de couverture:
» Ça fait vingt semaines que je suis seule, seulement six que je m’en rends compte. Et pourtant, j’ai l’impression que ça fait une éternité. Ça passerai peut-être plus vite si je dormais plus souvent. Enfin, si mon esprit se déconnectait. Mais je n’aime pas dormir. »
À la suite d’un accident d’escalade en montagne, Elsa est plongée dans le coma. Tandis que l’espoir de son réveil s’amenuise de jour en jour, que ses proches et les médecins commencent à baisser les bras, un jeune homme, Thibault, pénètre par erreur dans sa chambre. Traumatisé par le sort de son frère, qui a renversé deux jeunes filles en voiture, Thibault décide de se confier à Elsa et noue une relation avec elle, malgré son mutisme. Est-il à ce point désespéré de lui-même? Ou a-t-il décelé chez elle ce que plus personne ne voit?
Mon avis:
Ce roman m’a beaucoup fait penser au livre de Gayle Forman « Si je reste« . L’histoire d’une jeune fille plongée dans le coma suite à un accident et qui se réveille peu à peu sans que son corps ne réagisse. Cantonnée à une observation auditive de ce qui l’entoure dans sa chambre d’hôpital, Elsa espère que son corps voudra bien montrer un signe extérieur d’activité pour prouver qu’elle est toujours là, qu’elle n’est pas morte et qu’ils ne doivent pas la débrancher.
L’arrivée par erreur de Thibault dans sa chambre va être l’élément déclencheur pour Elsa. Elle qui entend depuis plusieurs semaines va, grâce à sa relation nouvelle avec le jeune homme, reprendre espoir et vouloir se battre encore plus. Thibault lui parle comme si elle était éveillée, comme si elle pouvait lui répondre et la chaleur qu’il dégage ainsi que ses paroles redonnent des forces à Elsa. Thibault lui est à l’hôpital car son frère y est hospitalisé mais refusant d’aller le voir, il passe chaque fois dans la chambre d’Elsa. Il se rend compte de l’incongruité de la relation qui se noue avec cette jeune femme dans le coma, que la situation est bizarre et presque anormale. Mais il tombe amoureux, il se confie même à son meilleur ami, il retrouve des sensations qu’il n’avait pas ressenti depuis fort longtemps.
La force que dégage cet amour entre ces deux personnes m’a émue et fait espérer que le corps d’Elsa fasse un signe. Il est terrible de constater que malgré sa présence, le corps médical la considère comme perdue. Le roman « Une larme m’a sauvée » montre bien que l’on peut être prisonnier de son corps et que l’on a beau hurler à l’intérieur, le corps reste silencieux.
Les personnages qui gravitent autour d’Elsa ont chacun leur sensibilité, leurs façons de parler à Elsa: ses amis viennent lui fêter son anniversaire, sa soeur vient flirter avec son nouveau copain dans la chambre d’Elsa pour être tranquille, ses parents sont effondrés, et les médecins quant à eux ont des façons différentes de considérer leurs patients.
Un magnifique roman, court mais terriblement fort qui parle d’amour, de courage et de lutte pour vivre.
Un livre à lire bien évidemment.
Bonne lecture!
Petit extrait:
» En sept semaines j’ai pu remarquer que j’associais naturellement des couleurs et des textures à ce que disait les gens. La voix de ma soeur prend un aspect de velours rouge vomitif tellement ça déborde d’hormones. Ma mère est une espèce de cuir violet qui veut paraître robuste mais qui craquelle à de nombreux endroits tel un vieux sac à main. Ce médecin en chef est aussi terne et rude qu’une barre d’acier de chantier.
Au milieu de tout ça, heureusement, j’ai un arc-en-ciel qui a bien voulu se montrer depuis une dizaine de jours. Thibault est arrivé avec toutes ses émotions, toutes ces nouveautés pour moi. Je n’ai réussi à glisser aucune couleur en particulier. C’était juste chatoyant et interloquant. Je me suis arrêtée sur un arc-en-ciel. J’ai trouvé ça poétique. C’est toujours mieux que le reste, qui devenait écoeurant au possible. »
Je suis là, Clélie Avit, Editions JC Lattès Mai 2015, Livre de Poche Juin 2016, 235 pages.