Que nous aimions Piaf, l'opéra ou le Rn'B, nous avons tous ressenti cette émotion qui envahit le corps au point de provoquer la chaire de poule. Les scientifiques ont étudié ce "frisson musical". Et découvert qu'il provoquait une modification naturelle du rythme cardiaque ou de la fréquence respiratoire. Une étude canadienne de neuro-imagerie, réalisée par Anne Blood et Robert Zatorre, l'a identifiée dans le cerveau : les régions activées pendant ce frisson sont celles du circuit de la récompense, les mêmes que lors d'états euphoriques induits par le chocolat, le sexe ou la drogue. Ce qui n'explique qu'en partie ses étonnants pouvoirs.
Mozart renforce nos capacités intellectuelles
En 1993, l'étude menée par Frances Rauscher et ses collègues de l'université de Californie résonne comme un coup de cymbale : après avoir fait écouter du Mozart à des volontaires, ceux-ci obtenaient de meilleures performances aux tests de QI. Ainsi est né "l'effet Mozart" qui a conduit des milliers de mamans aux Etats-Unis puis en Europe à faire écouter Mozart à leurs enfants. Comment l'expliquer ?
La musique emprunterait les réseaux neuronaux d'autres habileté cognitives (mémoire, langage, calcul...). L'écoute de la musique activerait ces réseaux, au bénéfice des activités associées. Elle pourrait ainsi augmenter la motivation et l'attention. Emmanuel Bigand du Laboratoire d'étude de l'apprentissage et du développement à Dijon et Marc Leman, de l'université de Grand en Belgique, travaillent sur une autre hypothèse : le rythme respiratoire change en fonction de la musique. Certains rythme apporteraient une oxygénation optimale du cerveau, entraînant de bénéfices dans les tâches cognitives et donc augmentant temporairement le QI.
Satie favorise la concentration des enfants
En 2002, Susan Hallam et ses collègues anglais ont proposé à des enfants de 10-11 ans de résoudre de l'arithmétique pendant 15 minutes, soit dans un environnement calme, soit avec la musique de Blanche-neige. Résultat : les enfants travaillant en musique ont résolu en moyenne 36 problèmes contre 27,3 pour les enfants oeuvrant dans le silence. Susan Hallam a aussi tenté l'expérience avec la musique vive de la Danse du sabre de Khatchatourian et l'air calme des Gymnopédies de Satie. Les effets étaient identiques. Nuance à retenir : lorsque les problèmes sont ennuyeux et faciles, mieux vaut faire écouter une musique vive. Tandis que les problèmes complexes nécessitent des mélodies douces.
Vangelis nous relaxe
Dans une études publiée en 2003, Stéphanie Khalfa, du Laboratoire de neurophysiologie et neuropsychologie à l'université de la Méditerranée (Marseille) et ses collègues canadiens ont fait passer une épreuve stressante à de étudiants. Ils devaient préparer un discours, le prononcer en plublic, puis passer une épreuve de calcul mental. Ensuite, ils écoutaient de la musique relaxante (Vangelis) ou étaient plongés dans le silence. Les chercheurs ont mesuré leur taux de cortisol (l'hormone du stress) dans la salive avant et après le discours. Résultat : dès que la musique commence, le taux se stabilise chez les "mélomanes" alors qu'il croît durant 15 min chez ceux qui n'écoutent rien.
Grieg améliore notre humeur
(pas retranscrit ici)
La techno nous dope
Adieu l'EPO . La musique booste en effet les performances à vélo, selon une étude de Nancy Becker et ses collègues de l'université d'Ursinus, en Pennsylvanie. L'expérience conduisait des enfants de 10 ans, des adultes de 18 à 55 ans et de séniors de 60 à 80 ans à pédaler pendant 2 min en parcourant la plus longue distance. Avant l'exercice, ils écoutaient de la musique rythmée, douce ou aucune musique. Performance : 1,6 km avec les deux musiques contre 1, 2 sans. Explication ? Le rythme préparerait le corps à l'effort et à la résistance.
Mendelssohn rend altruiste
(pas retranscrit ici)
La variété calme la douleur
Une heure de musique par jour pendant une semaine aide à diminuer les douleurs de l'arthrose, de la polyarthrite rhumatoïde et les problèmes discaux, selon les chercheurs de l'Ohio. Les patients étudiés souffraient d'un de ces depuis six ans. Après l'expérience, les mélomanes avaient la sensation que leur douleur était moindre, jusqu'à 21% moins forte que d'autres patients n'ayant pas écouté de musique. A l'hôpital de Yale-New haven, aux Etats-Unis, et au centre médical de Beyrouth en 2005, de chirurgiens ont opéré de patients sous anesthésie locale. Ils les munissaient d'un casque diffusant soit les variétés qu'ils aimaient, soit un bruit "blanc" supprimant les bruits de la salle. Les patients écoutant de la musique demandaient moins de sédatifs que les autres.
Coltrane renforce l'immunité
Miles Davis et John Coltrane renforcent le système immunitaire. C'est la conclusion d'une étude de Francis Brennan et Carl Charnetski, de l'université de Wilkes (Etats-Unis), auprès de l'auditeurs dont on mesurait le taux d'anticorps IgA. En 2003, Hajime kimata, à l'hôpital Ujitake au Japo, a fait écouter Mozart et Beethoven à des patients allergiques au latex. Résultat : leur sensibilité allergique était réduite, avec Mozart seulement. Encore lui !
Le tempo dans la peau... et le cerveau
En 2006, des chercheurs de l'université de Pavie (Italie) ont posé de capteurs sur le corps d'étudiants du Conservatoire et sur celui de non-musicien. Au programme : reggae, 9ème Symphonie de Beethoven, concerto de Vivaldi, rock avec les Red Hot Chili Peppers, et techno avec Gigi d'Agostino. Ils ont observé que le tempo rapide de Vivaldi et la techno accélèrent le coeur tandis que le reggae et la 9ème produisent un effet tranquilisant. Effet d'autant plus marqué chez les musiciens aguerris, sans doute parce qu'ils sont entraînés à synchroniser leur respiration avec la cadence. La musique change aussi l'anatomie du cerveau. "Le volume de matière grise, donc de neurones, est plus développé chez les musiciens dans les zones du langage", explique Mireille Besson.
Une influence positive sur l'attention
Et les effets sont certains : selon une étude réalisée à Toronto, l'apprentissage de la musique à une influence positive sur le développement de la mémoire de travail et sur l'attention des enfants ayant étudié la musique selon la méthode Suzuki d'apprentissage précoce. En 2003, une étude chinoise a démontré qu'au bout d'un an de pratique la mémoire auditives est renforcée chez les jeunes. Enfin, les chercheurs de Boston ont démontré que deux heures et demie (et plus) de pratique par semain modifie le cerveau des enfants. Une région augmente dans le corps calleux, ce réseau qui connecte les régions gérant le mouvement et la planification.