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[Critique] Kubo et l’Armure Magique

Par Régis Marton @LeBlurayphile

- 25 septembre 2016Classé dans : Critique, Critiques de films

[Critique] Kubo et l’Armure Magique

Titre original: Kubo and the Two Strings

Un film de: Travis Knight

Avec: Matthew McConnaughey, Art Parkinson, Charlize Theron, Ralph Fiennes, Rooney Mara...

Kubo est un être aussi intelligent que généreux, qui gagne chichement sa vie en sa qualité de conteur, dans un village de bord de mer. Cette petite vie tranquille, ainsi que celle de ses compagnons Hosato, Hashi et Kamekichi va être bouleversée quand par erreur il invoque un démon du passé. Surgissant des nues cet esprit malfaisant va abattre son courroux sur le village afin d'appliquer une vindicte ancestrale. Dans sa fuite, Kubo fait équipe avec Monkey et Beetle, pour se lancer dans une épopée palpitante afin de sauver sa famille et percer le secret de la chute de son père, le plus grand samouraï que le monde n'ait jamais connu. À l'aide de son Shamisen- un instrument musical magique-il va affronter toutes sortes de dieux et de monstres, notamment le terrible Moon King assoiffé de vengeance ainsi que les affreuses sœurs jumelles afin de dénouer le mystère de son héritage, réunir sa famille et accomplir sa destinée héroïque.

AVENTURE EPIQUE, HUMAINE ET LYRIQUE

" Si vous devez cligner des yeux, faites le maintenant ". C'est sur ces mots que s'ouvre un film d'une beauté fascinante. Kubo et l'Armure Magique est la nouvelle production des Studios Laika, à l'origine de ou encore Les Boxtrolls. Kubo et l'Armure Magique est, lui, le premier film du fondateur du studio, Travis Knight. Au sein d'un récit purement épique il met en scène la force de l'imagination. C'est à travers les yeux d'un enfant qu'il met en abîme le cinéma et le désir de création avec une justesse sidérante.

De toute évidence il faut voir Kubo et l'Armure Magique. Il faut le voir vierge de tout a priori, car la simplicité du récit comme la complexité du message et de ses personnages en font une grande œuvre qui vous foutra sans conteste un de ces frissons qu'on ne vit rarement. A travers un récit initiatique simple, où Kubo devra apprendre à grandir, l'œuvre nous immerge dans un univers très fort. On ressent les influences des estampes japonaises, ou encore de Kurosawa avec la densité de ses récits comme Les Sept Samouraïs. Par ailleurs, l'équipe cite David Lean (Lawrence d'Arabie) comme une influence majeure, rien d'étonnant. Tout à fait similaire et pourtant si différent de ce que la production cinématographique donne à voir aujourd'hui. Cela provient avant tout de la maturité du récit. Car, si en apparence, le film semble se destiner aux enfants, il ne considérera jamais sa cible, supposée, comme tel. Le récit n'hésite pas à parler de la mort frontalement, par exemple. De plus, certaines séquences tiennent purement de l'esthétique de l'horreur. De quoi donner un véritable frisson aux jeunes bambins qui pourraient se trouver dans la salle. Cependant il ne faut pas empêcher les jeunes enfants d'y aller, et de passer à côté d'une telle œuvre. C'est une aventure qui nous fait passer par toutes les émotions. Du frisson, à l'humour ou encore aux larmes. Kubo et l'Armure Magique est à en pleurer. De par la force de l'intrigue, mais aussi par son intention magnifiquement assouvie.

On nous a tous raconté une histoire un jour. Kubo, lui n'arrive à terminer les siennes. De cette frustration naît une motivation et une magie totale. Enfin, la musique de Dario Marianelli vient se graver dans les veines du récit comme une nécessité absolue. Épopée magique au souffle lyrique, mature et totale, Kubo et l'Armure Magique est un grand film de cinéma. Tant par ses exploits techniques, comme la construction d'un navire de plus de 4m50 de haut, que par sa justesse émotionnelle et intellectuelle. A voir sans aucune hésitation.

Au-delà de son histoire et de son aventure, c'est aussi un fabuleux hommage à l'animation en stop motion. Mais aussi aux gens passionnés qui travaillent aujourd'hui à être des conteurs modernes. Kubo et l'Armure Magique est aussi bien un hommage à ses animateurs, à son ambition impossible, mais encore à ses scénaristes et toute son équipe. Ce film rend hommage aux conteurs contemporains, aux musiciens, aux chanteurs et poètes, mais aussi aux romanciers ou réalisateurs. Chaque personnes ayant travaillées sur cette œuvre y a apporté sa pierre, aussi invisible soit-elle. Et nous nous devons aussi de remercier Kubo et l'Armure Magique, de rendre, implicitement le long de son histoire, mais aussi explicitement durant son générique final, un hommage à tous ces passionnés. Sachez que malgré tout, il est important de ne pas fermer les yeux sur les créateurs à l'origine de nos émotions, sur les artistes. Alors, si vous devez clignez des yeux, faites-le maintenant.

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