Les boucles se formaient et s’entrelaçaient avant de s’allonger docilement dans le même sens. Et le minuscule outil d’acier, cette faiseuse de miracle, œuvrait, sans relâche, imperturbable, comme si elle eût été insensible à la beauté de son oeuvre. Elle semblait n’avoir qu’une préoccupation : accomplir sa tâche du jour. Comme l’abeille, elle ne prenait guère le temps de s’extasier sur la merveille par elle réalisée. Elle ne trouvait là rien d’extraordinaire. Elle existait pour exécuter des points, tout comme l’abeille existait pour confectionner du miel. Et le svelte serviteur de l’art de continuer ses bouclettes qui s’enchaînaient les unes aux autres, presque avec bonheur, comme si elles se réjouissaient d’être liées, de s’appartenir, de n’avoir de sens qu’ensemble.
Histoire d’Awu – Justine Mintsa [incipit]