Habitée par le fantôme de Kostadinov, la Turquie fait son petit bout de chemin dans un Championnat d’Europe qui est d’ores et déjà une réussite. Prochaine étape pour la sélection de Fatih Terim, un quart de finale contre la Croatie.
Ce Championnat d’Europe des Nations est critiquable, mais pas sur son lot d’émotions et de retournements de situations inespérés. Si l’Italie a été dans la charrette l’espace de deux minutes lors de son match contre la Roumanie (1-1), la sélection Turc revient de nulle part ayant été mené 2-0 par la République Tchèque lors du dernier match de poule. Un poteau tchèque plus tard, Arda Turan et Khaveci Nihat mettaient en route la machine à baffe et disposaient d’une équipe qui maîtrisait plutôt bien son match jusque-là. Un renversement de situation, forcément cruel pour les joueurs de Karel Brückner, inoubliable sur les rives du Bosphore, tout simplement exceptionnel pour le commun des mortels absolument pas partisan, en tout cas sur des critères footballistiques.
Ce n’est même pas comme si les coéquipiers du frère caché de Mickael Landreau, Petr Cech, n’avait pas été prévenus ! Lors du deuxième match, la Suisse avait fait les frais d’une jurisprudence très Bulgare en menant au score jusqu’à la 58è minute avant de se faire rejoindre, puis battre deux minutes après la fin du temps réglementaire.
Ainsi les buveurs de sang turc ont renversé des montagnes, créé une dynamique et pris un ascendant psychologique indéniable sur tous leurs prochains adversaires, à commencer par les Croates ce soir.
Le renouveau du football turc.
N’oublions pas qu’un club turc (Fenerbahçe) était en quart de finale de la Ligue des Champions cette saison, après avoir battu en huitième de finale le FC Séville (double tenant de la Coupe UEFA) en arrachant une prolongation et une séance de penalty à 10 minutes de la fin du temps réglementaire. Les coéquipiers de Deivid sont sortis de la compétition la tête haute face au futur finaliste : Chelsea, 3-2 sur l’ensemble des deux matches. Le cliché des abominables buveurs de sang ottomans fait de cette équipe un Petit Poucet en ces quarts de finale de Championnat d’Europe des Nations que l’on doit craindre. Cette équipe qui a évolué avec un 4-4-2 en losange contre la Tchéquie a une tonne de défauts pour du football moderne. À jouer avec un seul milieu récupérateur en la personne de Mehmet Aurélio. Tumer Metin (qui joue à Larisa en Grèce) étant très largement porté sur l’offensif et l’organisation du jeu, proche de ses deux attaquants Tuncay Sanli et Nihat. Quid d’un jour sans pour Aurélio ? Déséquilibrer une équipe par un placement plus bas ? D’autant que la défense Turc n’a rassuré personne au cours des deux premières semaines de compétition. Avoir pris cinq buts (deux contre le Portugal, un contre la Suisse, deux contre la R.Tchèque) et figurer dans le tableau final ressemble à un ovni. Servet Cetin (32 capes quand même) s’est fait balader par Koller et n’a pas souvent empêché Cristiano Ronaldo de repiquer dans l’axe en partant de son côté droit. D’autant plus que Volkan Damirel sera suspendu pour son carton rouge récolté sur un geste d’humeur à l’encontre de Jan Koller. L’occasion de revoir Recber Rustu (35 ans, Besiktas), l’emblématique gardien qui porta la maison à bout de bras au mondial asiatique en 2002. Zengin Tolga, 24 ans qui joue à Trabzonspor et ses deux sélections part avec peu de côte.
Si cette équipe est un peu tremblante, elle a néanmoins beaucoup de cœur et si ça ne suffira pas pour aller au bout, qui sait si la Croatie ne va pas elle aussi tomber dans le panneau ? D’autant plus, que Tuncay Sanli (qui ressemble comme deux gouttes d’eau à votre serviteur) n’a pas encore commencé son Euro.