L'autre jour nous avons évoqué avec Grillon "l'hermaphrodite endormi" du musée du Louvre, oeuvre qui illustre la couverture du "Guide érotique du Louvre et du musée d'Orsay" de Jean-Manuel Traimond, vous allez d'ailleurs pouvoir en juger.
Quand on se promène parmi les antiquités Grecques et Romaines au rez de chaussée de l'aille Sully, dans la salle des Caryatides on voit au fond cette statue qui semble reposer sur un matelas moelleux. En s'approchant on découvre un jeune fille nue, allongée sur le ventre, qui nous offre "la plus jolie paire de fesses du musée" l'expression n'est pas de moi, mais j'avoue quelles sont en effet bien jolies. En s'approchant et en tournant, une surprise nous guette. Notre "jeune fille" possède un sexe masculin bien évident d'autant plus qu'il est en érection. Cet "hermaphrodite endormi" est une des attractions du musée, l'oeuvre a même été entourée d'une barrière pour la protéger des nombreuses mains baladeuses qui se laissaient tenter. Je pense d'ailleurs que sa reproduction aurait un certain succès dans la "galerie tactile".
L'hermaphrodite côté pile
L'hermaphrodite côté face
La légende nous raconte que le dieu Hermès et la déesse Aphrodite eurent une liaison et donnèrent naissance à un fils, Hermaphrodite, dont le nom combinait celui de ces parents divins. Fils de la déesse de l'amour il était très beau. Tellement beau qu'il dédaignait toutes les femmes, nymphes ou déesses qui voulaient le séduire. Un jour Hermaphrodite arriva près du lac de la nymphe Salmacis dont il repoussa les avances, mais ce jour là il faisait très chaud et le jeune homme plongea dans le lac pour se rafraîchir, c'est alors que Salmacis usa de ses pouvoirs pour arriver à ses fins, elle paralysa les quatre membres d' Hermaphrodite et "fit ce qu'elle voulu du membre qui restait" (je ne vous fait pas de dessin). L'expérience plut tellement à la nymphe qu'elle demanda aux dieux que leurs deux corps soient unis pour toujours.
Selon la notice du Louvre le résultat de l'expérience fut "un être bisexué, doté d'un sexe d'homme et des formes voluptueuses d'une femme".
L'oeuvre est une copie Romaine d'un original Grec du IIe siècle avant notre ère, période marquée par le goût pour les nudités alanguies et l'effet de surprise. Mise à jour à Rome en 1608 la statue fut acquise par le Cardinal Borghèse qui demanda à un grand sculpteur de l'époque, Le Bernin, de réaliser le matelas de marbre sur laquelle elle repose désormais. Elle est entrée au Louvre après son achat par Napoléon 1er en 1807. Pour finir je vous signale que "Lunettes rouges" avait édité un audioguide sur l'Hermaphrodite que vous pouvez retrouver sur le lien, il nous rappelle aussi que Théophile Gautier ne fut pas seulement un romancier classique il nous a laissé quelques oeuvres érotiques et, inspiré par la statue, a écrit ce poème dont je vous livre les premières strophes :
La nymphe Salmacis
Théophile Gautier — Émaux et Camées
Contralto
On voit dans le musée antique,
Sur un lit de marbre sculpté,
Une statue énigmatique
D’une inquiétante beauté.
Est-ce un jeune homme ? est-ce une femme,
Une déesse, ou bien un dieu ?
L’amour, ayant peur d’être infâme,
Hésite et suspend son aveu.
Dans sa pose malicieuse,
Elle s’étend, le dos tourné
Devant la foule curieuse,
Sur son coussin capitonné.
Pour faire sa beauté maudite,
Chaque sexe apporta son don.
Tout homme dit : « C’est Aphrodite ! »
Toute femme : « C’est Cupidon ! »
Sexe douteux, grâce certaine,
On dirait ce corps indécis
Fondu, dans l’eau de la fontaine,
Sous les baisers de Salmacis.