Derniers jours se termine le 18 septembre 2016
La maison rouge présente pour la première fois
à Paris une grande exposition consacrée
à l’oeuvre de l’artiste russe Eugen Gabritschevsky
(1893-1979).
Eugen Gabritschevsky
est né à Moscou en 1893 dans une famille
de cinq enfants, issue de la grande bourgeoisie,
cultivée et polyglotte, typique de la Russie tsariste.
Après des études scientifiques de haut niveau
en biologie et génétique des insectes, il quitte l’Union
Soviétique en 1924 pour rejoindre un laboratoire
de recherche de l’université de Colombia aux
États-Unis.
Malgré sa grande intelligence, qualifiée d’originale
par son entourage, et sa vaste culture, il est sujet
à de graves troubles psychiques, qui l’empêchent
progressivement de poursuivre sa carrière
scientifique et de mener une vie affective stable.
En 1926, il rejoint Münich où vit son frère, Georges.
En 1931, il est interné définitivement jusqu’à sa mort
en 1979.
Eugen Gabritschevsky aura donc vécu,
hormis la période de la guerre, près de cinquante ans
à l’hôpital psychiatrique de Haar-Eflingen
à la périphérie de Münich.
L’abandon de ses activités scientifiques laisse place
à l’éclosion, sur trois décennies, d’une oeuvre riche
et foisonnante, réalisée dans le silence et la solitude.
L’exposition couvre cette période prolifique,
mais présente également, et pour la première fois,
des oeuvres réalisées avant 1929 – des dessins
au fusain sur papier de format raisin, à l’esthétique
sombre et angoissée, mystique et fantastique.
Le parcours de l’exposition est à la fois chronologique
et thématique : le paysage, habité ou désert ;
la ville et ses foules ; la nuit, ses carnavals, ses fêtes
et ses concerts ; les phénomènes de mutations,
de déformations du corps, et d’hybridations ;
les bestiaires d’êtres fabuleux. Les techniques
qu’il déploie, frottage, tamponnage, grattage, prouvent
sa liberté d’expression et la maîtrise de son art.
C’est grâce à Jean Dubuffet, que l’oeuvre a trouvé
une visibilité. Il est informé de son existence
dès 1948, en possède 4 en 1950 et décide d’en
acheter 71 pour sa Compagnie de l’art brut en 1960.
Il avertit par la suite son ami Alphonse Chave,
galeriste à Vence, qui décide aussitôt, avec son fils
Pierre, de rendre visite à l’artiste pour acquérir
l’essentiel de sa production et l’exposer régulièrement.
La galerie Chave cèdera peu après, autour de
600 dessins à la galerie Daniel Cordier, qui défendit
l’oeuvre pendant plusieurs années, avant de faire
un don important en 1989 au Musée National d’Art
Moderne. Cet ensemble est aujourd’hui en dépôt
aux Abattoirs de Toulouse.
De nombreux dessins ont été logiquement
dispersés dans des collections privées au cours
des années, mais l’exposition propose une sélection
qui restitue très fidèlement l’esprit de l’artiste,