Jusqu’au 30 septembre 2016
C’est un travail d’ombre et de lumière, qu’Adalberto Mecarelli
propose avec son exposition :
« Lux Umbrae » à l’abbaye de Silvacane.
» La lumière est mon matériau, le seul absolument, dira t il ».
(comme pour tout le monde d’ailleurs,
même et surtout pour ceux qui l’ignorent).
De l’art de cet artiste naissent des sculptures éphémères,
immatérielles et cependant réelles.
La puissance de l’œuvre d’Adalberto Mecarelli
entraîne le visiteur dans une nouvelle relation au sacré.
Biographie :
Adalberto Mecarelli est né à Terni, en Ombrie le 25 janvier 1946.
Il est titulaire d’un diplôme de maître fondeur
de l’Institut d’Art de sa ville natale, a suivi des cours de peinture
à l’Académie des beaux-arts de Rome.
Il s’installe à Paris en 1968, alors que son œuvre est déjà repérée.
C’est une année faste sur le plan politique quant
au renouvellement des institutions artistiques.
Son intérêt pour la sociologie et les cours qu’il suit
à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes jusqu’en 1970,
confirment sa volonté de chercher encore et encore.
Dès les années 1973 il engage son travail de sculpteur
dans une expérimentation plastique qui fera de la lumière
le point central de sa recherche. Il est fasciné par le double aspect de cette matière,
à la fois matériau façonnable et élément éclairant.
Son œuvre, d’une géométrie à l’esthétique rigoureuse,
se traduira dès lors par des projections lumineuses in situ.
Le dialogue avec l’architecture et le paysage urbain sera
l’élément moteur à partir duquel vont naître
des formes lumineuses qui tout en éclairant l’espace,
en prolongent les possibilités plastiques et le sens esthétique.
Parallèlement, entre 1983 et 1985, il développe ses premiers
travaux d’images de synthèse, une recherche sur
la création assistée par ordinateur qu’il poursuivra
aux Etats-Unis et au Japon jusqu’en 1985.
Cette période s’achèvera avec ses premiers voyages
en Inde où il se rendra pour étudier les 5 observatoires
astronomiques de Jaipur bâtis au 18e siècle par le maharajah Jai Singh II.
Dans les œuvres de Mecarelli, le jeu de l’ombre et de la lumière,
du vide et du plein, du noir et du blanc amène physiquement
le spectateur dans l’espace de l’oeuvre. C’est un travail qui ouvre
des passages au travers desquels le visiteur découvre parfois
une plasticité à l’esthétique insoupçonnée. Une de ses réalisations a eu lieu pendant la Nuit Blanche 2012 à Paris à l’église St Eustache. Entre la tombée de la nuit et la naissance du jour suivant, un demi-cercle de lumière avait été projeté sur le toit de l’église Saint-Eustache. En fragile équilibre, la projection paraissait comme suspendue dans le vide. L’œuvre, intitulée « Luna », était visible d’un lieu particulier, sorte d’observatoire, depuis une rue du quartier.
L’œuvre de Mecarelli tient sa consistance d’une part de son expression physique, c’est-à-dire l’expression de la lumière dans son rapport dialectique avec l’ombre et d’autre part de la construction qu’elle compose avec les éléments constitutifs, au sens le plus large, de l’espace dans laquelle elle s’inscrit et habite. Nul hasard si Adalberto Mecarelli choisit si souvent dans son expression artistique, les espaces patrimoniaux. Ces lieux sont tout naturellement porteurs d’une forte charge esthétique qui nourrit à la fois le réel et l’imaginaire.
A l’occasion d’une intervention dans plusieurs sites majeurs
de Terni, cité ombrienne où, il y a encore peu, des industries
métallurgiques faisaient vivre un prolétariat nombreux,
Mecarelli, originaire de cette ville, affirme :
« J’ai appris ici à fondre le métal : seul un
fondeur sait vraiment de quoi est faite la lumière. »
En réponse aux commandes qui lui sont faites,
ce ne sont donc pas des objets qu’il pose dans
l’espace mais, par la médiation de la lumière, c’est
bien avec lui qu’il entre en dialogue. Simplement,
au lieu de l’occuper de façon durable en y installant
une présence matérielle, c’est sur un mode immatériel
qu’il y introduit, au sein d’un dispositif éphémère
dont il est l’auteur, une donnée qui intègre le caractère,
le temps et l’histoire du site.
Le vocabulaire formel de Mecarelli, tributaire de
l’abstraction géométrique, du minimalisme et de
l’art conceptuel, couple ces héritages aniconiques
avec la lumière et, en les projetant hors les murs
des institutions artistiques, les amène à converser
avec l’architecture, les façades, la mémoire des
bâtiments et des villes. Pas d’images mais des
expérimentations, une démarche qui mobilise
la lumière à la fois comme outil d’investigation
et matériau de construction
Podcast sur France culture, entretien avec Aude Lavigne,
dans la Vignette, où l’on apprend que l’artiste a exposé au
musée de l’Electricité de Mulhouse