L'appel révisé des Nations Unies demande 559 millions de dollars (USD) d’ici la fin de l'année pour répondre aux besoins d'urgence causés par la crise. Les organisations estiment que faute de fonds supplémentaires, elles ne seront pas en mesure de venir en aide aux personnes les plus vulnérables, y compris dans les zones accessibles.
Ce sont plus de 65 000 personnes qui vivent déjà en situation de famine dans certaines zones du nord-est du Nigeria. 6,3 millions de personnes vivent en situation d’insécurité alimentaire sévère au Nigeria, au Niger, au Tchad et au Cameroun. Parmi eux, 4,4 millions de personnes sont au Nigeria.
Lors de l’Assemblée Générale des Nations unies les dirigeants mondiaux discuteront également de la situation déplorable des réfugiés et des migrants. En revanche, les personnes ayant fui leur foyer, mais qui demeurent à l'intérieur de leur pays ne seront pas inclus aux discussions. Avec 2,6 millions de personnes en déplacement, la crise du bassin du lac Tchad est la crise de déplacement la plus forte qu’ait connu l'Afrique et devrait être un enjeu prioritaire dans leur agenda.
« Nous assistons à des scènes où des familles sont au bord de la famine. Si les organisations ne peuvent pas atteindre les communautés dans les zones prises au piège par le conflit, nous assisterons à une catastrophe bien plus importante que celle à laquelle nous sommes actuellement confrontés. La plupart des personnes qui arrivent dans les camps souffrent déjà de malnutrition sévère. Nous voyons des familles qui n'ont pas mangé depuis des jours, nombre d’entre eux réclament de la nourriture. Si la situation continue à se détériorer, davantage de personnes pourraient mourir » confie Yannick Pouchalan, directeur pays pour Action Contre la Faim au Nigeria.
Dans certaines zones de l'État de Borno au Nigeria, le taux de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans dépasse les 50 %. Cette situation s’apparente à la crise qui a frappé la Somalie en 2011, dont l’ampleur et la gravité ont poussé les autorités à déclarer l’état de famine.
Le conflit, et les opérations militaires mises en œuvre pour y remédier, ont rendu impossible l’accès aux terres agricoles, aux rivières et aux lacs dont la population dépend pour se nourrir et faire de la pêche au Nigeria, au Niger et au Tchad. Les marchés ont été fermés, et les moyens de transports, tels que les motos, ont été interdits, privant la population de leurs moyens de subsistance.
Lisa Bay, responsable opérationnelle de la crise du bassin du lac Tchad pour Oxfam, a déclaré : « Les civils ont payé cher les politiques visant à priver Boko Haram de nourriture et d’autres biens. La population devrait pouvoir pêcher, cultiver ses terres et vendre ses biens sur les marchés. Les communautés ont été extrêmement généreuses en accueillant les personnes qui ont fui leur maison - mais elles n’ont aujourd’hui plus rien à offrir. Elles souffrent également de la faim et ont besoin d'accès à l'aide ».
Au Nigeria, 15 organisations sont à la recherche de plus de 143 millions de dollars (USD) d’ici la fin de l'année afin de fournir une aide humanitaire aux civils, comme de la nourriture, de l'eau, un logement et la sécurité. Elles éprouvent toutefois des difficultés pour garantir ces fonds et intensifier leurs activités.
Sarah Ndikumana, directeur pays pour IRC confie : « Nous avons reçu un peu plus de 53 millions de dollars (USD), mais il y a un déficit de financement de près de 90 millions de dollars (USD). Sans ces fonds, nous ne pourrons pas tout simplement venir en aide aux personnes qui en ont le plus besoin. La situation est critique et de nombreuses vies sont en jeu. Nous exhortons les bailleurs de fonds à fournir ces fonds avant que la situation devienne catastrophique. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire et regarder des milliers de personnes souffrir et mourir lorsqu’une solution est possible. »
Jennifer Poidatz, vice-présidente de l’équipe d’intervention humanitaire de Catholic Relief Services, a déclaré : « Nous devons apprendre des autres crises prolongées dans le monde, où des solutions à court terme ne permettent pas à la population qui a fui de rentrer et reprendre le cours de leur vie. Seuls des fonds solides sur plusieurs années provenant aussi bien d’organisations internationales que d’organisations locales et nationales sur le terrain, peuvent garantir que nous répondrons de façon adéquate. Nous avons également besoin de leadership politique pour faire face aux causes profondes de la violence ».
En raison du conflit, les taux de violence sexuelle, les violations des droits humains et le recrutement forcé, même des jeunes enfants, sont alarmants. La situation sécuritaire reste fragile et la violence continue, compliquant la fourniture de l’aide aux personnes dans le besoin par les organisations humanitaires.
Note aux rédactions :
Selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) 65 069 personnes dans des zones du nord-est du Nigeria sont en IPC Niveau 5 et souffrent déjà de la famine. Parmi eux, la grande majorité (58 506) vivent dans l'État de Borno, le reste dans l’État de Yobe. Un million supplémentaire sont en IPC niveau 4, à un pas de la famine.
Les chiffres concernant les besoins d'intervention des Nations Unies et le déficit viennent du bassin du lac Tchad, Exigence Révisée et priorités de la réponse septembre - décembre 2016.
Les chiffres relatifs au déficit de financement proviennent des organisations internationales au Nigeria. Les organisations sont les suivantes : Action Contre La Faim, Action Aid, Christian Aid, Cooperazione International (COOPI), Catholic Relief Services (CRS), Danish Refugee Council, International Medical Corps, Intersos, International Rescue Committee, Mercy Corps, Norweigan Refugee Council (NRC), Oxfam, Plan, Première Urgence International, Save The Children
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