La multiplication des attentats ces deniers mois a eu pour effet indirect de développer une certaine forme d’islamophobie dans le monde et d’accentuer le racisme et la xénophobie… Et la Suisse n’a malheureusement pas échappé à ce phénomène.
En la matière, Twitter est probablement le réseau social le moins regardant, et il est d’ailleurs régulièrement épinglé pour son laxisme et sa lenteur à retirer les contenus offensants, racistes ou xénophobes. Pour en avoir le cœur net, j’ai donc fait une petite intrusion dans cette délicate sphère.
Je préfère vous prévenir à l’avance : ce qui va suivre ne va probablement pas vous plaire, et mes commentaires probablement pas non plus. Je préfère désamorcer la polémique de ceux qui me diront qu’il faut déjà regarder dans son propre pays : ce qui se passe en France sur le sujet est exactement du même niveau, mais le fait est que c’est le marché suisse qui m’intéresse et me concerne.
Les différentes manières de communiquer des racistes, xénophobes et nationalistes sur Twitter
J’ai pu observer les différentes stratégies de communication utilisées par ces twittos. Il y a ceux qui se veulent respectables, souvent associés à un parti, voire une section d’un parti ( l’UDC ressort d’ailleurs le plus souvent) et leur stratégie consiste à ne jamais passer la ligne blanche du tweet franchement raciste ou xénophobe. Ils se contentent en général de sous-entendre et de retweeter des Tweets qui sont plus que limites. Certains de leurs tweets incitent à la haine raciale et stigmatisent bien volontiers les musulmans et personnes de couleur. C’est par exemple le cas de l’UDC Vaud ou de Yohan Ziehli Xxxxx. Intégrer photos
« Eradiquons l’Islam d’Europe »
Dans une rubrique beaucoup plus assumée, il y a ceux qui annoncent fièrement leur islamophobie. C’est par exemple le cas de SwissPreums qui, notamment, affiche sur sa page « Éradiquons l’Islam d’Europe ». Le message est clair et sans équivoque.
« #fuckislam »
Le compte Valeurs Suisses est à lui seul un poème, avec des tweets qui font clairement l’apologie du racisme, avec certains tweets illustrés par des photos d’Hitler. Il ne manque également pas, dès qu’il le peut, d’épingler tout ce qui peut, d’une manière ou d’une autre, défendre les étrangers ou les frontaliers en Suisse, ou dénoncer le racisme ou l’anti-sémitisme en Suisse. Il a par exemple été particulièrement actif sur Twitter au moment du débat en juin sur la RTS avec Marie Maurisse et où j’étais invité. Voici un exemple de tweet particulièrement équivoque « qu’ils crèvent tous comme les moutons #fuckislam« … Et quand on sait que c’est un élu, ça fait très peur…
« Non je ne suis pas raciste, juste en voix de disparition »
Concernant le compte « ResistanceHelvetique » on est ici en présence de ce que la presse suisse qualifie de fachos. Porteur d’un programme politique – qui veut notamment le retour de la peine de mort – que Marine le Pen ne renierait pas, le groupuscule se doit d’avoir tout de même une certaine retenue vis-à-vis de l’immigration. Toutefois, le tweet épinglé ne laisse aucun doute quant à l’idée qu’ils se font des étrangers.
« Accueillons et éduquons des enfants musulmans pour qu’ils nous massacrent »
Vigilance Islam est à l’évidence beaucoup moins modéré dans ces écrits. Le musulman est ici souvent la cible et bien sûr la cause de tous les maux de la Terre en général et de la Suisse en particulier, avec des tweets du type « Accueillons et éduquons des enfants musulmans pour qu’ils nous massacrent« . Vous apprécierez la finesse de la plume.
« Avec un nom comme ça, finir au crématoire, j’dis ça, j’dis rien »
Autre compte Twitter tout en subtilité : alternative populaire. Là aussi, on trouve plus de propos et remarques racistes et antisémites que d’analyse politique fine. Des remarques du type « avec un nom comme ça finir au crématoire, j’dit ça j’dit rien » vous permettent de rapidement vous faire une idée du niveau.
La pseudo-sociologue adepte de la désinformation
Suzy Desouche pour sa part se présente comme une sociologue. Un rapide coup d’œil sur son site et ses tweets vous permettra de constater que le courant qu’elle défend, le renvoi et la stigmatisation des étrangers, est finalement assez nouveau en sociologie. Une mention particulière également pour la désinformation, avec les tweets et retweets d’articles plus ou moins fumeux de nationalistes plus ou moins radicaux qui prêchent la bonne parole. Un grand travail de désinformation et de stigmatisation.
» Tout est pourri par la racaille arabe-africaine »
Heidi von Grütli est probablement l’une des plumes les moins timides de ce bestiaire du racisme et l’antisémitisme en Suisse sur Twitter. Un vibrant « Saint Denis, Courbevoie, Puteaux, St Ouen, Sarcelles… Tout est pourri par la racaille arabe-africaine » ne laisse que peu de doutes sur son orientation.
Des propos racistes, xénophobes, et surtout anonymes
Tous ces twittos ont un point commun, en dehors des propos racistes, xénophobes ou ultra-nationalistes qu’ils profèrent : ils sont anonymes, à l’exception toutefois des adhérents de partis mentionnés plus haut (qui sont, mais est-ce un hasard, les plus modérés dans leurs propos). Ces sont les mêmes anonymes que je vois parfois commenter mes articles, et qui, toujours anonymement et dans le cadre d’une désinformation organisée, orientent le débat dans un sens qui n’en a pas ou n’existe que dans leurs propres fantasmes d’une terre helvétique enfin débarrassée de tous ses étrangers.
La volonté de rester anonyme signifie une chose : ils sont conscients que la ligne blanche est dépassée, et que leurs propos sont répréhensibles, du moins au yeux de la loi, sinon aux yeux de la société civile. Et c’est déjà pas mal, car le jour où ils sortiront à découvert, il faudra vraiment se faire du soucis.
Faut-il censurer ou laisser faire ?
Tous ces commentaires ont pour effet d’accentuer les fracture sociales, qui sont selon moi à l’origine de beaucoup de problèmes de société. Après en avoir discuté longuement, y compris avec les principaux concernés, mon avis a quelque peu changé sur ce point. La liberté de parole est importante en Démocratie, ce qui me pousse à dire qu’il vaut mieux laisser faire : finalement chacun a le droit de donner son avis. Et c’est d’ailleurs probablement une manière efficace de surveiller ces courants, souvent à la limite de l’anarchie et pour certains dangereux pour les idées qu’ils véhiculent, notamment auprès des jeunes générations. A l’inverse, agir par exemple par le biais d’associations et obliger ces fous de la race pure à se taire par décision de justice pourrait faire caisse de résonance et leur donner une audience qu’ils n’auraient jamais obtenue par leurs propres actions. En clair : la réponse à apporter n’est pas simple.
Devinez quoi ? Je sors mon gilet pare-balles, et attend vos commentaires…