Ils auraient pété dans l'eau du grand bain pour faire jacuzzi que ça n'aurait pas été pire. Dans l'atmosphère feutrée de la Croix Catelan, fief du Racing club de France, le mot "grève" est aussi choquant que l'apparition de Madonna dans un défilé de rosières. Pourtant, c'est bien une grève du relais que les représentants du Cercle des Nageurs de Marseille ont fait lors de l'Open de France mercredi dernier.
Une grève de solidarité avec leur entraîneur que la Fédération Française de Natation n'avait pas cru bon accréditer pour les JO à Pékin. Chez l'ami des champions, Arnaud Lagardère, qui inclut les médailles dans son business plan, cela fait désordre. Une version aquatique des damnés de la terre en somme…
L'initiative peut faire sourire, mais elle est révélatrice de l'état d'esprit qui peut encore régner dans le milieu de la natation. Au foot, les joueurs s'inventent parfois des pieds carrés et rivalisent de médiocrité pour obtenir le limogeage d'un entraîneur devenu gênant. Au tennis ou en athlétisme, les as de la raquette peuvent vivre une relation quasi-fusionnelle avec leur coach-mentor, puis le jeter en le taxant de gourou pervers, de dangereux manipulateur, ange gardien devenu croquemitaine des courts ou du tartan sans même s'en rendre compte. En natation, il est encore des athlètes capables d'être solidaires de leur entraîneur en toutes circonstances. C'est rafraîchissant, comme un plongeon dans la piscine du petit Arnaud un jour de printemps pourri…