Je ne saurais pas dire quoi exactement. Ni depuis quand, ou comment. Mais quelque chose a changé.
Je ne sais pas quel a été le déclic, à quelle vitesse tout a évolué. Surement quelque chose qui couvait depuis longtemps, activée par les changements récents.
Ce mois-ci, je me suis réinscrite en tant qu’auto-entrepreneur. J’ai consulté des tas de cours en ligne, je me suis inscrite à d’autres. J’ai retrouvé cette motivation de travailler, faire quelque chose de ma vie, et j’essaie tous les jours de transformer mon trac et mes angoisses en « bonne peur ». J’ai pris rendez-vous pour inscrire Miniloute à la halte garderie.
Moi qui pensais sauter au plafond, crier « libérée délivrée », me réjouir à 100% de cette opportunité d’avoir enfin des heures à moi, sans enfant, après une parenthèse de 2 ans… Me voilà à appréhender ça aussi. Bien sûr, c’est une bonne chose et au fond je suis contente, je sais que bientôt on aura un nouveau rythme, avec des moments de travail à 100% pour moi et des moments de jeux et de socialisation pour elle.
Je ne me fais pas de soucis pour elle, ou très peu. Bien sûr, j’ai peur qu’elle pleure comme le faisait sa soeur, que ça me fende le coeur à chaque fois, j’ai peur de la confier à d’autres, j’ai surtout peur de comment JE vais réagir. Parce qu’elle, elle est bien partout, elle qui était si collée à moi prend d’elle même son indépendance (bon, mince l’indépendance à 2 ans, mais quand même !)
Alors que je n’avais pas hésité à confier sa soeur à l’aube de ses 4 mois, j’ai toujours eu plus de mal à l’envisager pour elle. Et si j’y réfléchis, maintenant je me sens différente vis à vis de ma grande aussi.
Quelque chose a changé. C’est indéfinissable, et pourtant je suis en train de vous pondre un pavé là dessus.
Ma relation aux autres, à moi, et surtout à mes filles. L’obsession de toujours bien faire s’est effacée et je me fais la réflexion que ce qui compte, c’est qu’on passe du temps ensemble et qu’on soit heureux. Chercher sans arrêt la perfection c’est être sûr de ne jamais la trouver. Alors qu’aimer ces moments imparfaits, uniques et rien qu’à nous peut m’émouvoir aux larmes de bonheur et me faire sentir juste complète.
Peut être que ça a commencé cet été. Apprendre à laisser ma grande au centre aéré, même si au fond elle me manquait toute la journée. Ne pas faire de planning hebdomadaire de nos activités. Décider au dernier moment, se laisser porter, se faire des surprises et leur en faire aussi. Ne pas dramatiser quand j’ai la flemme : on fera ça demain. Un truc impensable il y a encore des mois, et pourtant je ne m’en suis pas rendue compte.
Et en arriver là, aujourd’hui, mercredi. Ce jour qui me filait presque des boutons, où je criais dès 11 heures et demi, et ce jusqu’au coucher l’an dernier. Bah là, non. J’ai hâte d’aller chercher ma grande, qu’on fasse à manger, qu’on rigole, qu’on fasse une activité ou qu’elle joue seule. Hâte de l’emmener à la danse pour ce cours de test, heureuse de les voir sauter partout et rire, même si ça me donnera mal au crâne ce soir… Heureuse de passer du temps avec elles. Et être consciente que j’ai le droit certains jours d’être moins « au top » aussi.
Bien sûr ça a toujours été le cas, mais là, c’est naturel. Là, je ne me force pas à rester positive et à tenter de profiter du moment présent. Oh, je n’en suis pas encore à 100% là je pense mais…
Je ne sais pas quand ça a changé. Quand j’ai commencé à me dire « c’est pas grave » ou « tant pis ». A leur dire oui plus souvent, « comme tu veux ».
A répondre naturellement « oui bien sûr, si tu pouvais juste ranger tes chaussures avant, et on y va » là où j’aurais tempêté « ah non hein, t’as rien rangé ! » de plus en plus souvent. On est d’accord, ce n’est pas systématique, mais quand même.
Je ne sais pas quand ça a commencé. Et je m’en fiche. Ça fait tellement de bien.
Je crois que je respire enfin, que les petites choses attirent et retiennent mon regard. Qu’elles ont fait un tour de magie, m’ont mis des paillettes dans les yeux et des bouffées d’amour dans mon coeur.
Quelque chose a changé.