Avant cela, mes véritables premiers émois face à l’artiste furent des collaborations. Plus exactement, Mykki Blanco a participé aux titres « Lonnie listen » sur l’album Adrian Thaws de Tricky, « Keep moving » sur Anima de Francesca Belmonte ou encore, pour n’en citer qu’une poignée, « Buffalo » sur Junto de Basement Jaxx.
Aujourd’hui, après deux écoutes seulement de Mykki, un jour après sa sortie officielle, je reste tout à fait ravi de ce que propose le rappeur américain. Car, au-delà de la musique, il est un aspect essentiel de sa personnalité, et même de sa personne, qui jour un rôle fondamentale dans sa musique : non seulement il ne cache pas son homosexualité, mais il l’affirme, en joue, au point d’avoir failli ne jamais sortir ce disque, tant il va à l’encontre de la tendance actuelle de la black musique (rap, hip-hop et R’n’B pêle-mêle).
Pourtant, il y a bien quelques ressemblances avec, de toute évidence, les plus grands noms de la scènes nord-américaine. Mais il s’en détache, tellement à part, et parce que, aussi, très tourné vers le reste du monde, en particulier l’Europe : il n’est alors pas étonnant de retrouver parmi les collaborateurs l’artiste français Woodkid sur le titre « Highschool never ends ».
Tous deux originaires de Chicago, la chanteuse Jean Deaux (« Loner ») et l’artiste et producteur Jeremiah Meece (« Hideaway ») apportent, quant à eux, un peu de métissage sur un album qui, finalement, est parfois très personnel : les paroles de Mykki Blanco sont, dès lors, être très directes, voir crues… ou, comme on le lit souvent, « explicites ».
Mykki est donc bel et bien un album de hip-hop, avec ses moments très underground, mais aussi de superbes ouvertures très intimes, aussi bien musicalement que lyriquement (id est, paroles et voix).
Au fait, si vous ne l’avez pas encore compris, Mykki Blanco fait partie de ses artistes soit engagés soit parfaitement bien dans leur peau lgbt, tels Peaches, Perfume Genius ou Antony Hegarty (désormais Anohni). D’ailleurs, comme pour ce dernier, il faudrait plutôt dire « elle » si l’on veut vraiment les respecter. Oui, Mykki Blanco est donc bien une artiste new-yorkaise. La scène nord-américaine n’a plus qu’à bien se tenir.
(in heepro.wordpress.com, le 21/09/2016)