La foi, c'est la responsabilité, à chaque instant et à tout risque, de fixer une cible à la flèche du temps. La foi, c'est cette vision totale du monde, de son flot incessant, et, quelle que soit ma force, de participer à la réalisation du Royaume. Chacun de nous peut parcourir cette route : un jour l'éboueur connaîtra la joie parce qu'il est en train de
balayer l'avenue du Royaume ; le chef politique saura qu'il n'a pas pour but de plaire à ses électeurs
mais à participer à la véritable unité du monde : celle où chaque enfant qui porte en lui le génie de Mozart
pourra devenir Mozart. Ce jour là nous porterons tous la bannière triomphante du Royaume. Mais il faut pour cela désapprendre à regarder le petit monde à la manière de l'athéisme sous-humain, qui
ne voit dans l'oiseau que son plumage, en l'homme que le complot qu'il médite ou le crime qu'il prépare,
dans le ciel un nuage qui passe annonçant l'orage de l'hiver ou les touffeurs de l'été. A la manière, elle aussi, sous-humaine, du «savant» qui a découpé la réalité en concepts, ou qui croit
aujourd'hui que l'ordinateur est une «intelligence artificielle», capable de se substituer à l'exploration des
fins dernières, au lieu de nous donner parfois les moyens terrifiants de détruire. A la manière du sous-humain, qui prétend nous enseigner le bien et le mal comme le lui ont appris ses
parents ou son curé, au lieu de chercher, à tâtons, à créer l'unité du monde, au moins du nôtre, et si petit
soit-il. Il n'est pas besoin, pour éprouver ce tremblement de Terre et de ciel, d'aller dans la synagogue,
l'église, la mosquée, ou à Borobudur. Le poète ourdou (à la fois hindouiste et musulman) Kabîr, au XVe siècle, écrivait : « Homme de foi, où me cherches-tu ? Je, suis tout près de toi. Je ne suis ni dans le temple ni dans la mosquée. Je ne suis ni dans vos rites et vos cérémonies... Si vraiment tu me cherches Tu m'as déjà trouvé »
Roger Garaudy Extrait de http://rogergaraudy.blogspot.fr/2012/09/qui-sera-ton-dieu-par-roger-garaudy.html