Ton Dieu n'est pas le juge qui
condamne tes abandons et tes défaites. Ton Dieu n'est pas le sauveteur inespéré qui vient à ta rescousse lorsque tu fléchis sous la poussée des plus forts.
Depuis Kant, il n'est plus un être mais un postulat.
Lorsque tu as fait abandon de tout,
même de ce qui t'attachait le plus fort, il reste l'appel à résister encore.
« L'espoir de l'homme est la
chair de Dieu », écrivait Barbusse, écrivain sans Dieu. Le véritable
athéisme, c'est de ne pas se poser la question, c'est d'accepter que les choses
soient ce qu'elles sont et aillent comme elles vont. Le plus grand des péchés,
c'est le désespoir et le renoncement au combat. La foi c'est d'essayer de voir
la fin et de lutter pour elle. Cette fin n'est pas écrite une fois pour toutes
dans un avenir immuable.
La foi, c'est la responsabilité, à chaque instant et à
tout risque, de fixer une cible à la flèche du temps. La foi, c'est cette
vision totale du monde, de son flot incessant, et, quelle que soit ma force, de
participer à la réalisation du Royaume.
Chacun de nous peut parcourir cette
route : un jour l'éboueur connaîtra la joie parce qu'il est en train de
balayer l'avenue du Royaume ; le chef politique saura qu'il n'a pas pour
but de plaire à ses électeurs
mais à participer à la véritable unité du
monde : celle où chaque enfant qui porte en lui le génie de Mozart
pourra devenir Mozart. Ce jour là nous porterons tous la bannière triomphante
du Royaume.
Mais il faut pour cela désapprendre
à regarder le petit monde à la manière de l'athéisme sous-humain, qui
ne voit
dans l'oiseau que son plumage, en l'homme que le complot qu'il médite ou le
crime qu'il prépare,
dans le ciel un nuage qui passe annonçant l'orage de
l'hiver ou les touffeurs de l'été.
A la manière, elle aussi,
sous-humaine, du «savant» qui a découpé la réalité en concepts, ou qui croit
aujourd'hui que l'ordinateur est une «intelligence artificielle», capable de se
substituer à l'exploration des
fins dernières, au lieu de nous donner parfois les
moyens terrifiants de détruire.
A la manière du sous-humain, qui
prétend nous enseigner le bien et le mal comme le lui ont appris ses
parents ou
son curé, au lieu de chercher, à tâtons, à créer l'unité du monde, au moins du
nôtre, et si petit
soit-il. Il n'est pas besoin, pour éprouver
ce tremblement de Terre et de ciel, d'aller dans la synagogue,
l'église, la
mosquée, ou à Borobudur.
Le poète ourdou (à la fois
hindouiste et musulman) Kabîr, au XVe siècle,
écrivait :
« Homme de foi, où me
cherches-tu ?
Je, suis tout près de toi.
Je ne suis ni dans le temple ni dans
la mosquée.
Je ne suis ni dans vos rites et vos
cérémonies...
Si vraiment tu me cherches
Tu m'as déjà trouvé »
Roger Garaudy
Extrait de http://rogergaraudy.blogspot.fr/2012/09/qui-sera-ton-dieu-par-roger-garaudy.html
Envoyer par e-mailBlogThis!Partager sur TwitterPartager sur FacebookPartager sur Pinterest
Libellés :
Roger Garaudy