Dans Cézanne et moi, les dialogues sont ciselés de manière à faire sonner la littéralité des mots. Entre Paul Cézanne, le peintre, et Emile Zola, l'écrivain, les conflits rejaillissent au travers du verbe, porté haut par le jeu au diapason des acteurs. À cela s'ajoute la fourmillante recherche documentaire qui se glisse dans chaque référence, chaque détail des sublimes costumes et chaque exactitude de tel décor.
Le théâtre au cinéma ? En élégant contre-point, la superbe photographie apporte de la fraîcheur et de la modernité à l'histoire. A l'orée de ces qualités, l'embarras qui se dégage du long-métrage n'en est alors que plus grand. Difficile de ne pas se dire que ce récit aurait fait une brillante pièce de théâtre plutôt qu'un long-métrage. À partir d'un livre de Zola qui dévoile l'intimité de Cézanne, les deux se souviennent par flash-back de leur amitié troublée.
Du silence au bavardage, il faut choisir. Entre l'expression purement physique du cinéma et l'application de ce récit à raconter un maximum de choses au travers des mots, il naît comme une contradiction qui peut laisser sur le carreau. Pertinent quand il laisse place au silence, le film peut se montrer grossier quand il multiplie les crises de colère, jusqu'à enfermer Cézanne dans la case d'un casseur de tableaux et Zola dans celui du brillant impuissant.