3 études (1,2,3) notamment sont mises en avant par William Petri, Jr., un spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de Virginie qui a passé plusieurs années au Bangladesh à suivre la santé des nourrissons et à constater l’incapacité des suppléments alimentaires à inverser les effets négatifs d’une mauvaise nutrition.
Le microbiote, un facteur indépendant de la croissance, quelle que soit la nutrition : D’autres études menées auprès de nourrissons au Malawi apportent les preuves de l’influence de ces communautés microbiennes sur la croissance. Une étude menée sur la souris (1) modifiée pour être privée de microbiote propre mais nourrie avec le même régime alimentaire que ces nourrissons, permet de constater l’association entre la malnutrition, des microbiomes » immatures » et des retards de croissance, musculaires et osseux, chez la souris, comme chez le petit enfant. (Voir schéma de gauche).
Une autre étude française (2) montre que de jeunes souris également privées de microbiote, ne suivent pas le même développement musculaire et osseux que des souris qui présentent un microbiote normal, et cela, même elles reçoivent la même quantité de nourriture.
Microbiote et hormones de croissance : cette étude (2) révèle de plus un mécanisme, l’influence des microbes sur les niveaux d’hormones : Chez les animaux en bonne santé, l’hormone de croissance stimule une augmentation d’une seconde hormone, un facteur de croissance insulinique 1 (IGF-1), qui à son tour favorise la croissance des tissus. Les souris privées de germes ont les mêmes niveaux d’hormone de croissance mais l’activité de l’IGF-1 dans le sang, le foie et les muscles est réduite. Cette relation microbiome-hormone peut donc contribuer à expliquer le retard de croissance chez les enfants sous-alimentés.
L’allaitement peut contribuer à l’équilibre du microbiome : plusieurs études dont (3) montrent l’apport de l’allaitement dans ces situations de malnutrition qui peut même replacer la croissance de l’enfant sur la bonne trajectoire. En cause ces oligosaccharides spécifiques du lait humain. Lorsque les chercheurs ajoutent des oligosaccharides purifiés issus du lait maternel dans le régime alimentaire de souris » équipées » des microbes d’un enfant souffrant de malnutrition sévère, les souris prennent du muscle, de la densité osseuse, de la » cognition » et équilibrent leur métabolisme. Par le traitement de ces sucres, les bactéries peuvent à leur tour produire des blocs de construction moléculaires qui contribuent à la croissance.
De larges implications, car sur la base de ces observations, on peut faire l’hypothèse que l’état nutritionnel des enfants pourrait être modifiable par manipulation de la flore intestinale. De telles interventions pourraient faire l’objet de tests, très prochainement chez des enfants souffrant de malnutrition. Les probiotiques pourraient ainsi se révéler un outil précieux aussi contre la malnutrition.
Sources :
Science 2016 DOI: 10.1126/science.aaf4076 The right gut microbes help infants grow (Visuel@Lucy Bollinger/Washington University in St. Louis)
1. Science 2016 DOI: 10.1126/science.aad3311 Gut bacteria that prevent growth impairments transmitted by microbiota from malnourished children
2. Science 2016 DOI: 10.1126/science.aad8588 Lactobacillus plantarum strain maintains growth of infant mice during chronic undernutrition
3. Cell 2016 DOI: 10.1016/j.cell.2016.01.024 Sialylated Milk Oligosaccharides Promote Microbiota-Dependent Growth in Models of Infant Undernutrition
4. Science 2014 DOI: 10.1126/science.345.6198.747 Nature’s first functional food