Remboursements tardifs, carte Vitale non reçue… C’est le lot d’ennuis que rencontrent chaque année de nombreux adhérents d’une mutuelle étudiante. Ce qui n’est pas sans risque sur leurs finances et leur santé.
Des cartes Vitale jamais reçues, des remboursements qui se font attendre, des téléconseillers aux abonnés absents, des prélèvements de cotisation abusifs… C’est le lot d’ennuis que rencontrent chaque année de nombreux adhérents à une mutuelle étudiante. Pour les jeunes qui confient les clés de leur santé à la LMDE ou au réseau de mutuelles EmeVia, de telles déconvenues deviennent véritablement gênantes dès lors qu’ils tombent malade.
Des deux organismes qui se disputent la couverture sociale étudiante, la Mutuelle des étudiants (LMDE) concentre la plus grande part des critiques. Avec 920.000 affiliés, la LMDE se décrit comme la «1ère mutuelle étudiante» de France. Un titre qui n’est visiblement pas gage d’exemplarité. Depuis plusieurs années, étudiants, parlementaires et associations d’étudiants et de consommateurs pointent du doigt une qualité de service médiocre.
Sans attestation d’affiliation, ils sont privés de stage en entreprise
Joseph, étudiant à l’Université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle, en a fait les frais: «La LMDE a mis trois mois à traiter mon adhésion à une complémentaire santé et autant de temps à rembourser 150 euros de frais. Cela m’a dissuadé de retourner chez le médecin. J’étais sans nouvelles: pas un mail, pas un courrier pour m’indiquer l’état de mon dossier. J’ai fait appel à l’association SGPA (Mutuelles étudiantes: se groupe pour agir) qui a débloqué la situation en quelques jours.»
En l’absence de carte Vitale, les étudiants doivent remplir des feuilles de soin, qui mettront encore plus de temps à être traitées. Sans carte de tiers payant, les étudiants doivent avancer les frais… et attendre un hypothétique remboursement. Sans attestation d’affiliation, ils sont privés de stage en entreprise ou de séjours à l’étranger. Résultat: beaucoup renoncent à se faire soigner. Près d’un étudiant sur trois renonce à consulter pour des raisons financières, selon le dernier rapport de l’Observatoire de la vie étudiante.
Certes, gérer près d’un million de dossiers ne se fait pas sans quelques accrocs. Mais lorsqu’il s’agit de demander une information ou de faire remonter une réclamation, les étudiants se heurtent à un mur. Difficile de joindre un conseiller par mail ou sur la ligne surtaxée (6 centimes la minute) de la LMDE. Les courriers recommandés adressés au médiateur de la LMDE restent lettres mortes. La direction ne semble pas plus prompte à répondre aux journalistes: nous n’avons pas réussi à les contacter, ni par mail, ni par téléphone. La meilleure solution pour les étudiants reste de se rendre directement en agence.
«Nous recevions jusqu’à dix demandes d’aide par jour»
«Conscient de l’ampleur du problème», Gérard Pain a créé en 2010 l’association Mutuelles Etudiantes: Se grouper pour agir (SGPA). Elle vient en aide à ceux qu’ils convient d’appeler les «galériens des mutuelles étudiantes». La LMDE fait d’ailleurs l’objet d’une rubrique dédiée sur le site de SGPA. L’idée de cette association lui est venue après que l’un de ses enfants, étudiant, ait rencontré des difficultés avec la LMDE. Dès lors, Gérard Pain a établi des contacts privilégiés avec la direction de la LMDE et l’a convaincue de créer la cellule «Facilitation LMDE», une sorte de service après-vente de la mutuelle.