Grand plaisir hier de tenir une conférence auprès des principaux cadres de la SNCF, venus de toute la France, et réunis à la Porte de Versailles pour une convention exceptionnelle, au cours de laquelle le nouveau PDG, Guillaume Peppy, devait annoncer ses objectifs stratégiques et son plan d'action à l'horizon 2012 – sa feuille de route de nouveau patron.
On m'avait sollicité pour discourir sur cette question : "Peut-on être un manager heureux ?" D'abord je me suis dit qu'on aurait pu mettre cette interrogation au programme du Bac cette année, histoire d'encourager les jeunes pousses à plancher sur une question en lien avec la réalité concrète du travail ! Finalement, en préparant cette intervention, j'ai trouvé un grand intérêt à creuser le sujet. Il n'est pas si courant d'oser évoquer la question du bonheur dans les entreprises, le bonheur ne faisant pas partie des catégories couramment usitées dans le management. On préfère de beaucoup y parler de stress, de leadership, ou se demander si les dirigeants peuvent être zen.
Et cependant, si on se réfère à quelques penseurs antiques (Aristote, par exemple, qui nous rappelle en 350 avant J.C. que "le bonheur est et la raison d'être de la vie, le but et la finalité de l'existence humaine"), on conviendra qu'il serait étrange de ne pas se poser la question du bonheur, de notre bonheur, dans le travail, qui est une part si importante de notre vie, serait-ce du seul point de vue quantitatif.
Une erreur serait, je crois, de penser que le bonheur au travail dépend exclusivement de facteurs extérieurs – de son manager, de l'entreprise, et de ce qu'ils font ou ne font pas. Ce n'est certes pas dire que les circonstances sont neutres, mais bien des philosophes et des sages soulignent la liberté – et la responsabilité – que nous avons d'œuvrer dans le sens de notre propre bonheur. S'il y a une chose que j'ai appris en accompagnant en coaching des managers et des dirigeants, dans tous types d'organisation, c'est qu'il existe toujours plus de marges de manœuvres qu'on croit pour faire évoluer les choses dans le sens de nos valeurs et d'un meilleur épanouissement. C'est une question de regard sur les choses, et d'engagement. Accepter d'ouvrir sa vision des choses, changer parfois de point de vue (considérer le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide), s'appuyer sur toutes les ressources disponibles, intérieures et extérieures, pour (re)devenir acteur et moteur de la situation.
Au passage, je vous livre une remarque de Maslow sur le vécu du travail : "le plus beau destin que puisse connaître un être humain, c'est d'être payé pour faire ce qu'il aime passionnément". Sans doute est-ce un idéal, tout le monde n'ayant pas la chance d'être porté par une vocation. Mais on peut le voir comme un cap, une destination, un chemin ouvert à la singularité de chacun.
Et vous, qu'en pensez-vous ?