Too Close to Home est une nouvelle série de 8 épisodes diffusée depuis la fin août sur les ondes de TLC aux États-Unis. L’action vivote entre l’Alabama et Washington alors que l’héroïne Anna Hayes (Danielle Savre) qui travaille à la maison blanche se retrouve au cœur d’un scandale sans nom. Ses amis qui ne veulent pas être accusés de complicité de peur que leur carrière en souffre préfèrent ne plus lui adresser la parole. Pendant ce temps, l’ambiance n’est pas non plus au beau fixe en Alabama alors que ses deux sœurs Bonnie (Kelly Sullivan) et Shelby (Brooke Anne Smith) sont aux prises avec plusieurs mélodrames familiaux et beaucoup de secrets enfouis semblent être sur le point de refaire surface. Première série scriptée de TLC, un acronyme pour « The Learning Channel », on n’apprend pas grand-chose avec Too Close to Home si ce n’est comment rater un concept. En effet, l’ensemble est tellement mauvais qu’on alterne entre un état d’euphorie durant les pires moments qui se veulent très très sérieux et babillements devant les scènes interminables. Mais à l’ère de la profusion des séries, on est surtout étonné d’un tel amateurisme sur une chaîne américaine.
Un Scandal qui fait patate
Au début, on retrouve Anna dans un bar entourée de ses « meilleurs amis » Valerie (Ashley Love-Mills), Dax (Nick Ballard) et son petit copain Victor (Charles Justo), travaillant aussi à la maison blanche. Pourtant, la principale intéressée cache deux terribles secrets : uno : elle se fait passer pour riche alors qu’elle ne l’est pas. Deuxio, elle couche avec le président. Tout bascule lorsque son viril amant fait une crise cardiaque pendant l’acte. Lui décédé, la première dame (interprétée par Heather Locklear) s’en prend à Anna, lui jurant de lui faire vivre un enfer en alertant les médias et faisant réquisitionner son logement par le FBI. La jeune blonde n’a d’autre choix que de s’enfuir chez elle, mais en Alabama, tout n’est pas non plus au beau fixe. Bonnie, mère monoparentale qui éprouve des sentiments pour l’ex d’Anna, Brody (Brock O’Hurn) sort avec J.B. le pire crétin du village qui vend de la drogue en douce. En plus, il couche avec sa jeune sœur, Shelby, une toxicomane qui vole son camion et le vend en 2 minutes à des « contacts », sans savoir qu’une large quantité de cocaïne s’y trouvait.
Difficile de croire en amorçant Too Close to Home qu’on se fait servir un drame tellement les deux premiers épisodes présentés le même soir sont ridicules. Ce qui frappe dans un premier temps, c’est le budget très limité de la série. Le matériel pour construire le décor de la maison blanche et du bureau ovale semble avoir été acheté chez Wal-Mart et on a l’impression de se retrouver dans un soap d’après-midi des années 80 alors que l’entrée de la première dame chez Anna ou d’autres moments corsés sont accompagnés d’un son de tambour et d’un crescendo dans la trame sonore. Les scènes de sexe supposément osées sont dans le même style « téléroman de 16 heures » avec les baisers prudes et on va même jusqu’à mettre en sourdine aux moments où l’on prononce le mot « fucking ».
Pire encore est la longueur des scènes et le mauvais scénario qui va avec par exemple lorsque la première dame, encore elle, arrive près du bureau ovale en robe de chambre et décide d’attendre son mari à la porte pour qu’ils aillent se coucher ensemble. Plus tard lorsqu’Anna cherche réconfort et hospitalité auprès de ses amis qui doivent bien lui lancer à la figure « Go away » une bonne dizaine de fois chacun sans que leur interlocutrice ne bouge le petit orteil, elle qui ne cesse de répéter « I can’t tell you ». Plus ridicule encore, les experts de la maison blanche tentent dans un premier temps de cacher la mort du président en envoyant un communiqué de presse disant qu’il souffre d’un rhume; ce que les médias commentent abondamment, comme si c’était d’intérêt public…
Les intrigues ne sont pas plus subtiles en Alabama, mais notre attention est vite détournée par les coupes de cheveux masculines, en passant d’un toupet à la Lucky Luke pour J.B. au look homme des cavernes de Brody. Le premier Cro-Magnon est impliqué dans des histoires de drogue alors que le second joue les chevaliers servants tout en s’inquiétant pour son père qui cache de terribles secrets… mais dans un sens ce qui tombe bien est qu’il souffre aussi d’Alzheimer.
Trop « White trash »…
Le créateur de la série Tyler Perry est noir. Il faut le mentionner ici puisque ses différentes réalisations comme Meet the Browns (2008), ou encore Good Deeds (2012) The Single Mom’s Club (2014) (pour ne nommer que celles-ci) se sont toujours distingués pour leur casting à très grande majorité noire, si bien qu’il a été violemment attaqué par ses fan à la sortie de Too Close to Home en raison de son absolue « blancheur ». Le réalisateur a affirmé que ces critiques ne l’atteignaient pas et que la couleur de la peau importait peu pour ce genre de récit. Et le débat a été lancé : est-ce qu’un Noir doit écrire exclusivement pour des Noirs et représenter exclusivement des Noirs? Même chose pour les Blancs? Cette controverse aura au moins eu le mérite de détourner les téléspectateurs de la médiocrité de la série, mais celle-ci s’échelonnant sur le long terme, les critiques devraient se faire entendre prochainement.
Justement, elles ne chômeront pas puisque Too Close to Home après seulement deux diffusions a été renouvelée pour une seconde saison. Les deux premiers épisodes ont rassemblé 774 000 téléspectateurs en direct avec un taux de 0,23 chez les 18-49 ans tandis que le troisième a même vu son auditoire monter à 818 000, mais son taux baisser à 0,18. Au sujet de ces chiffres, il faut rappeler que d’autres séries câblées comme UnReal et Mr Robot ont obtenu le feu vert pour une troisième saison avec des scores respectifs de 505 000 (taux : 0,21) et 733 000 (taux : 0,28), si bien qu’à ce stade sur le câble, un renouvellement n’est apparemment pas compatible avec la qualité du produit