Les bénéfices de l’exercice aérobie pour la fonction cognitive et plus généralement pour la santé du cerveau sont maintenant largement documentés. Cependant, ils ne valent pas en cas d’exposition prénatale à des niveaux élevés de mercure, conclut cette étude soutenue par le National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS/NIH). Ainsi, les personnes exposées in utero, en raison d’une consommation maternelle élevée de poisson par exemple, auront beau pratiquer l’exercice, ils n’en tireront pas les mêmes bénéfices cognitifs et de mémoire à court terme que les personnes épargnées par une telle exposition au méthylmercure. Des conclusions présentées dans la revue Environmental Health Perspectives, qui doivent faire rappeler les lignes directrices alimentaires durant la grossesse*.
Nous devons accorder une attention particulière à l’environnement que nous réservons aux femmes enceintes et aux bébés, déclare Gwen Collman, directeur de recherche au NIEHS. Son étude est l’une des premières à examiner la façon dont l’exposition in utero au méthylmercure peut affecter la fonction cognitive chez les adultes. Du mercure qui provient de la pollution industrielle de l’air, qui tombe dans l’eau, où il se transforme en méthylmercure et s’accumule dans le poisson. Ces scientifiques basés à Harvard suggèrent dans cette étude, que l’exposition prénatale au méthylmercure, connu pour avoir des effets toxiques sur le développement du cerveau et du système nerveux, peut limiter la capacité des tissus du système nerveux à se développer en réponse à une augmentation de la capacité aérobique liée à la pratique régulière de l’exercice.
Le neurodéveloppement est un processus délicat, particulièrement sensible au méthylmercure et à dautres toxines environnementales : c’est ce que suggère cette recherche menée auprès de 197 participants habitant les îles Féroé, où le poisson est une composante importante du régime alimentaire. L’état de santé des participants a été suivi, et à 22 ans, leur » VO2 max » (ou la vitesse à laquelle ils peuvent utiliser l’oxygène, qui augmente avec la capacité aérobie) a été évalué. Les participants ont également passé une série de tests cognitifs (dont capacité de mémoire à court terme et long terme, compréhension verbale, vitesse psychomotrice, traitement visuel, rappel de mémoire et la vitesse de traitement cognitif). Cette analyse montre que,
· sans surprise et dans l’ensemble, des valeurs plus élevées de VO2 max sont associées à une meilleure fonction neurocognitive,
· en particulier des valeurs plus élevées de VO2 max sont associées à une meilleure efficacité cognitive, c’est-à-dire une vitesse plus élevée de traitement cognitif et une meilleure mémoire à court terme.
Øcependant, les participants exposés in utero à des niveaux de méthylmercure élevés, ne présentent pas cette association positive entre un VO2 max élevé et une forte capacité aérobie, et la fonction cognitive.
· En revanche, les participants ayant été exposés in utero à des niveaux de méthylmercure situés dans les 67% les plus faibles soit à des niveaux inférieurs à 35 microgrammes par litre dans le sang du cordon ombilical, présentent la meilleure efficacité cognitive associée avec un VO2 max élevé.
Ainsi, s’il est indiscutable que l’exercice aérobie est une partie importante d’un mode de vie sain, cette étude montre qu’une exposition précoce à certains polluants peut réduire ses bénéfices pour la santé.
*On rappellera donc, en ce qui concerne l’exposition prénatale au mercure, les dernières lignes directrices de l’Agence de sécurité (ANSES), soit 1 fois tous les 2 mois concernant les poissons bio-accumulateurs.
Source: Environmental Health Perspectives exposure 9 September 2016 doi:10.1289/ehp274 Aerobic fitness and neurocognitive function scores in young Faroese adults and potential modification by prenatal methylmercury
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