Sin Fang : le chanteur islandais qui veut révolutionner le R’n’B !

Publié le 17 septembre 2016 par Swann

Et si le renouveau de la musique passait par l'Islande ? Sin Fang en est bien décidé et son nouvel album, Spaceland, a tous les atouts pour conquérir le monde !

Il m'est parfois difficile de comprendre des artistes, des albums. Pour ma part, Cat Power s'écoute les jours de pluie ; Rihanna les jours de chaleur estivale. Il me faut être dans un certain état d'esprit pour écouter You Are Free ou Good Girl Gone Bad. Je conçois la musique comme une suite d'émotions. Il me faut alors être dans un certain mood pour suivre la démarche artistique d'un(e) artiste.

En ce qui concerne Sin Fang, j'ai eu du mal à trouver le bon mood. La canicule estivale ne m'avait pas permis une écoute optimale. J'étais quelque peu perdu par le changement de cap du chanteur. Heureusement, l'automne est arrivé ! Et à l'écoute de Spaceland, quatrième album de l'islandais, j'ai pu me prendre une douche glaciale.

In the mood for... Spaceland

Avant même l'écoute de l'album, le dossier de presse nous transporte dans un univers parallèle et schizophrénique. Jamais de ma vie, je n'ai lu un dossier de presse aussi lunaire et fantasmagorique ! MorrMusic, l'excellent label indépendant berlinois, nous avertit : Spaceland est unique. La magie de Sin Fang va nous ronger de l'intérieur.

Frissons, larmes, tête qui tourne et danse. Voici les quatre mots qui me viennent à l'écoute de Spaceland. S'il est bien dansant - j'y reviendrai un peu plus tard - ce nouvel album est sombre. Il est, ni plus, ni moins, le traitement thérapeutique du chanteur, contre les crises de panique qu'il a longuement subies. Le mot " Spaceland " fait d'ailleurs référence à cette sensation de " mort constante ", que connaissent les personnes souffrant de " panic attacks ".

Palpitations. Suffocation. Surchauffe. Gênes thoraciques. Tremblements. L'ordre des titres coïncident étrangement avec les différentes étapes d'une crise de panique. Dès lors, Spaceland devient une mise en musique bouleversante du Cri d'Edvard Munch.

That's why I need a one dance

Malgré tout, si le noyau interne de Spaceland est plutôt sombre, sa chair est ionosphérique. Finie la pop-folk et la barbe fleurie. Welcome les ambiances R'n'B et électroniques. Chaque titre est un brassage d'éruptions solaires et d'éruptions glaciales. L'envie de danser se veut être plus forte que la maladie. En choisissant Jónsi comme co-producteur de l'album, Sin Fang a pu se libérer de ses troubles et a pondu un album qui fera date.

Le single " Candyland " (sur lequel participe Jónsi) est un sublime oxymore, entremêlant une musique colorée et des paroles sombres. On retrouve l'esprit " Go Do " , titre phare de l'album solo du leader de Sigur Rós.

Dans la continuité de " Candyland ", " Not Ready For Your Love " pourrait devenir un hymne à l'amour R'n'B, tel un " Cry Me A River " de Timberlake. Ce titre décrit parfaitement la peur de l'amour. Car s'il y a bien une maladie qui fait perdre l'amour, ce sont les crises de panique. Les états seconds empêchent de mener une vie correcte. En boucle, à l'instar de Sin Fang, il faut alors répéter " I'm not ready for your love / I'm not ready for your love ".

Boys don't cry !

Si l'on se prend parfois à danser comme Drake, Spaceland est cependant un album qui nous prend à la gorge. Il ne nous laisse pas le choix de nos émotions. Il nous dicte quand il faut danser, quand il faut pleurer, quand il faut rêver.

C'est ainsi que " Never Let Me Go ", " Please Don't " et " Down " nous donnent envie d'enlacer longuement le chanteur et de le réconforter les jours de panique. Les featuring féminins présents sur ces titres, ne sont probablement pas dus au hasard. Sóley, Farao et JFDR (chanteuse de Pascal Pinon) apportent une fraîcheur mélancolique aux mélodies R'n'B. Et à l'instar de Frank Ocean, Sin Fang arrive à nous émouvoir, tout en créant des sons quelque peu nouveaux.

Le chanteur islandais voulait révolutionner le monde de la musique. Avec son point de vue idiosyncrasique sur le R'n'B, Sin Fang se met, ipso facto, au niveau de Drake ou Frank Ocean... et pourrait bien faire pâlir la scène nord-américaine ! Chapeau bas !

Spaceland, sortie le 16 Septembre 2016, chez MorrMusic.