Le poème est l'événement majeur susceptible de survenir dans l'ordre de la langue.
Tout poème fait séisme, met à jour des couches ensevelies de la mémoire des mots. Ce n'est pas dans le sujet traité qu'agit la poésie; c'est dans le glissement de sens perpétué dans le paysage domestique de la langue.
Aussi le poète ne "traite"-t-il pas de sujet; ce sont les mots qui traitent leur propre sujet. C'est pourquoi la pertinence, à l'inverse des habitudes de la pédagogie ordinaire, ne consiste pas à se demander ce que le poète a voulu dire, mais plutôt ce que le texte vous dit, à vous lecteurs, dans la relation personnelle que vous entretenez avec chacun des mots qui le constituent. (...)
Chaque lecteur lui est un interlocuteur singulier, invité à "réécrire" tous les sens possibles de tous les mots du poème. C'est pourquoi l'usage de la poésie est nécessairement solitaire.
Gil Jouanard, L'oeil de la terre
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